Russie: le gouvernement abaisse fortement sa prévision de croissance

Publié le 26/08/2013 15:55

Le gouvernement russe a abaissé lundi sa prévision de croissance pour 2013 à 1,8%, contre 2,4% auparavant, tirant les conséquences des faibles performances de l'économie depuis le début de l'année.

Ce nouveau pronostic fait partie d'une série de nouvelles prévisions du ministère du Développement économique révélées par les agences russes. S'il se confirme, il constituera un fort ralentissement après 3,4% en 2012, et 4,3% en 2011, et la plus faible performance de l'économie russe depuis la crise de 2008-2009.

Pour 2014, le gouvernement a réduit sa prévision à une fourchette comprise entre 2,8% et 3,2%, contre 3,7% auparavant.

Moscou, qui prévoyait une croissance du produit intérieur brut de 3,6% en 2013 au début de l'année, avait déjà réduit son pronostic en avril à 2,4%.

Mais la publication début août des chiffres du deuxième trimestre, avec une croissance de seulement 1,2% en glissement annuel (après 1,6% au premier), a conduit le gouvernement à revoir une nouvelle fois ses ambitions à la baisse.

"C'est une mauvaise surprise. Il est rare que les prévisions du gouvernement soient inférieures aux prévisions du marché", a observé Natalia Orlova, économiste chez Alfa Bank.

L'analyste s'est également dite pessimiste quant aux perspectives d’accélération en 2014.

"Je ne vois pas d'où cela va venir: l'industrie n'augmente pas, les investissements sont en baisse, il n'y a que la consommation, mais elle va probablement stimuler les importations et pas l'industrie domestique", a-t-elle ajouté.

Le gouvernement a revu à la baisse sa prévision de croissance de la production industrielle à 0,7% contre 2% auparavant, et des investissements à 2,5% contre 4,6%.

Il a par ailleurs revu à la hausse sa prévision de fuite de capitaux, indicateur considéré dans les milieux économiques comme un reflet du mauvais climat des affaires en Russie, à 70 milliards de dollars.

Le ministre du Développement économique, Alexeï Oulioukaev, a estimé récemment que la Russie était entrée dans une période de "stagnation", réfutant l'idée d'une récession avancée par certains économistes.

En avril, le numéro deux du gouvernement, Igor Chouvalov, avait estimé que la modernisation du pays nécessitait une croissance d'environ 5%, objectif fixé par Vladimir Poutine, revenu en mai 2012 au Kremlin.

L'économie russe subit les effets de la crise en zone euro, où se trouvent ses principaux partenaires commerciaux, à laquelle s'ajoute désormais le ralentissement de l'économie chinoise.

Certains économistes, dont ceux du Fonds monétaire international, estiment que l'économie russe fonctionne actuellement au maximum de ses capacités et que, pour continuer à croître, elle doit adopter des réformes structurelles, en particulier réduire sa dépendance aux exportations de pétrole et de gaz.

Les observateurs mettent également en cause les difficultés persistantes pour faire des affaires en Russie en raison du poids de la bureaucratie et un système judiciaire régulièrement accusé d'être instrumentalisé au profit d'intérêts privés.

Malgré le coup de frein économique, la banque centrale maintient son taux directeur depuis un an à 8,25%, s'attirant des critiques de plus en plus vives des partisans d'une ouverture du robinet du crédit.

Fin juin, Vladimir Poutine a annoncé une série de mesures destinées à donner un coup de fouet à l'activité: investissements dans des lignes à grande vitesse, nouveau périphérique routier autour de Moscou et amnistie sur certains délits économiques.

Mais les experts se montrent sceptiques sur la capacité de ces mesures à relancer la machine à court terme. Les risques pour 2014 sont d'autant plus forts que les effets de la préparation des jeux Olympiques d'hiver dans la station balnéaire de Sotchi en février, qui exigent des investissements gigantesques, vont se dissiper.

Le gouvernement dispose en outre de marges de manoeuvre réduites, le ralentissement de la croissance ayant réduit les rentrées fiscales.

La Russie subit en outre actuellement, comme tous les pays émergents, des fuites de capitaux liées aux changements de politique monétaire aux Etats-Unis. Ces mouvements ont entraîné le rouble la semaine dernière à son plus bas niveau depuis quatre ans face à l'euro.

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