La monnaie russe est tombée lundi à son plus bas niveau en 2015, l'euro dépassant le seuil symbolique des 80 roubles et le dollar celui des 70 roubles tandis que l'indice boursier RTS chutait de près de 5% dans la foulée de la débâcle des marchés asiatiques.
Cette rechute de la devise russe fait craindre une nouvelle déstabilisation du pays au moment où l'économie russe, en récession, semble toucher le fond après des mois de brutale dégradation de son activité.
L'euro a dépassé à l'ouverture 80 roubles pour la première fois depuis mi-décembre et atteint 81,58 roubles à 09H10 GMT, contre 78,80 roubles vendredi soir. Le dollar est quant à lui monté à 71,10 roubles, contre 68,21 roubles vendredi.
Côté boursier, l'indice RTS des valeurs en dollars chutait de 5,01% et le Micex (libellé en roubles) cédait 1,74% à 09H10 GMT.
Les marchés russes ont suivi le plongeon des places de marchés asiatiques, affolées par la morosité de l'économie chinoise, qui a également entraîné la chute des bourses européennes à l'ouverture lundi.
La monnaie russe est également affectée par le marché pétrolier, de nouveau en baisse lundi avec un baril de Brent à 43,94 dollars à Londres, à ses plus bas niveaux en six ans.
"Le cours du rouble est avant tout influencé par les prix du pétrole, qui continuent d'atteindre de nouveaux plus bas", estiment les analystes de la banque VTB Capital.
Les ventes par les entreprises russes "de devises issues des exportations, pour payer leurs impôts, peuvent soutenir le rouble cette semaine mais le plus important reste la dynamique des prix du pétrole", jugent-ils.
Jeudi, alors que la monnaie russe était tombée à 75 roubles pour un euro, son plus bas en six mois, le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaïev avait jugé le taux de change "juste", concédant toutefois que la chute du rouble se poursuivra tant que les cours du pétrole continueront de baisser.
Fin 2014, la baisse des cours de l'or noir ajoutée aux sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne avait entraîné un effondrement du rouble, cette crise monétaire provoquant la récession actuelle qui touche au portefeuille la population.
"On économise, on fait comme tout le monde. Si avant on se permettait des petits extras, on essaie désormais de s'en passer", témoigne Irina Danilina, une retraitée moscovite.
"La vie a un peu changé, mais c'est normal, c'est pareil partout. Rien ne sert de trop réfléchir, il faut juste travailler davantage", abonde un autre retraité, Mehmam Gadjiev.
Les statistiques économiques mensuelles publiées la semaine dernière ont confirmé que la consommation et le pouvoir d'achat restaient déprimés. La production est aussi affectée par la morosité de la demande.
Le gouvernement prévoit une chute de 2,8% du produit intérieur brut cette année et une reprise l'an prochain, mais il a déjà prévenu qu'il devrait probablement revoir sa copie au vu de la dégradation récente du marché pétrolier.