L'inflation en Russie, dopée par l'embargo alimentaire lié à la crise ukrainienne et l'effondrement du rouble, a atteint en 2014 11,4%, son plus haut niveau depuis 2008, selon une première estimation officielle publiée mercredi.
L'envolée des prix, qui pourrait selon les analystes atteindre 15% à 20% dans les mois à venir, constitue pour l'heure la conséquence la plus visible de la crise monétaire qui a éclaté en décembre à l'issue d'une année d'isolation croissante de la Russie en raison de la crise ukrainienne.
La hausse des prix à la consommation s'est considérablement accélérée en décembre, mois marqué par une violente chute du rouble, puisqu'elle représente 2,6% par rapport à novembre, a précisé le service des statistiques Rosstat.
Les produits alimentaires se sont renchéris de 15,4% sur l'année.
Après avoir ralenti à 6,5% en 2013, l'inflation est repartie en franche hausse après l'introduction en août d'un embargo sur la plupart des produits alimentaires européens et américains.
La tendance s'est aggravée avec la chute du rouble dans les mois qui ont suivi, sur fond de sanctions économiques occidentales de plus en plus sévères, de plongeon des cours du pétrole (principale source de revenus budgétaires) et la défiance croissante de la population qui a massivement converti ses roubles en devises.
Au total, le rouble a perdu sur l'année 41% face au dollar et 34% face à l'euro. Il a fini mardi soir (dernier jour de cotation sur les marchés russes) à 55,50 roubles pour un dollar et 69 roubles pour un euro.
Subissant le 15 et 16 décembre sa chute la plus violente depuis le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998, il avait atteint 80 roubles pour un dollar et 100 roubles pour un euro le 16 décembre, avant de se reprendre.
Le ministre de l’Économie Alexeï Oulioukaïev a prévenu pendant le week-end que la hausse des prix devrait s'accentuer jusqu'en avril et que la conséquence serait "une forte chute de la consommation".
Les autorités russes ont déjà prévenu que le produit intérieur brut du pays pourrait chuter de plus de 4% en 2015 après une croissance évaluée à 0,6% sur 2014.