La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a annoncé lundi avoir connu un bénéfice net au lieu d'une perte l'an passé au premier trimestre, mais s'est montrée très prudente dans ses perspectives.
Ryanair a réalisé un bénéfice net part du groupe de 123 millions d'euros sur les trois mois achevés le 30 juin, au lieu d'une perte de 90,5 millions d'euros un an plus tôt. Mais le directeur général Michael O'Leary a prévenu d'emblée dans le communiqué que "les résultats étaient distordus par une baisse de 42% du coût du carburant" d'une année sur l'autre: ces dépenses sont passées de 366,6 millions d'euros l'an passé à 214,1 millions cette année.
Pour cette année, Ryanair a couvert 90% de ses besoins en carburant pour les trois premiers trimestre à 620 dollars la tonne et 60% pour le quatrième trimestre à 610 dollars la tonne.
Au total, le chiffre d'affaires a baissé de 0,3% à 774,7 millions d'euros, la hausse de 11% des passagers étant compensée par une baisse de 13% du tarif moyen.
M. O'Leary a cependant considéré qu'il s'agissait "d'une robuste performance au milieu d'une profonde récession, quand beaucoup de nos concurrents suppriment des vols, perdent du trafic et annoncent des pertes accrues".
Il a observé que la marge de bénéfice nette était désormais en tête du secteur à 18% et que la trésorerie s'était renforcée à 2,5 milliards d'euros à la fin du trimestre. Le chiffre d'affaires des prestations annexes a augmenté de 13%, soit plus vite que le nombre de passagers, à 165,3 millions d'euros.
La compagnie irlandaise estime désormais que ses revenus par passager du deuxième trimestre seront "significativement plus bas que l'an dernier, dans la fourchette de -15% à -20% précédemment énoncée ou même au-dessus". Le déclin sur l'année devrait être de -20% ou plus et le bénéfice net à l'extrêmité la plus basse de la fourchette de 200 à 300 millions d'euros précédemment énoncée.
Ryanair a ajouté avoir "une visibilité limitée au-delà de deux mois", et espéré que les passagers seraient sensibles aux (baisses de) prix pour le reste de l'année.
Après avoir déjà fortement abaissé sa capacité à Londres Stansted et Dublin pour cet hiver, la compagnie pourrait poursuivre encore le mouvement à Dublin. Elle a incriminé dans les deux cas les taxes imposées aux passagers par les gouvernements britannique et irlandais, mais les analystes pensent que la vraie raison est la récession.
Le vice-directeur général de Ryanair Michael Cawley a par ailleurs estimé que les négociations avec Boeing et Airbus, auxquels la compagnie avait récemment l'intention d'acheter jusqu'à 300 appareils, "ne vont nulle part" en ce moment, mais que la compagnie, qui espère obtenir de bons prix en période de crise, n'était pas pressée de passer commande. Il a indiqué que la commande pourrait être ramenée à 100 appareils.
Malgré la stagnation des discussions avec les avionneurs, Ryanair "continue à voir d'énormes opportunités de croissance" et n'a pas l'intention de réduire ses commandes contrairement à easyJet, par exemple, qui devrait annoncer de telles baisses mercredi.
Le directeur financier Howard Millar a ainsi considéré que "c'était le moment idéal pour croître", ajoutant que Ryanair avait conclu un accord de financement avec trois banques jusqu'à septembre 2010, qi lui permettrait de financer l'achat de 55 appareils.
Ryanair a aussi enregistré une dépréciation d'actifs de 13,5 millions d'euros sur sa part de 29,8% dans Aer Lingus.