Le groupe pharmaceutique Sanofi se penche mardi sur l'avenir de sa branche Recherche et Développement et du site de Toulouse, à l'occasion de la présentation par la direction d'un plan de restructuration prévoyant la suppression de 207 postes en France d'ici à la fin 2015 et le passage à l'autonomie du site toulousain en cinq ans.
A l'appel de leurs syndicats, les salariés de l'établissement de recherche Sanofi de Toulouse ont décidé de faire grève durant la présentation de ce plan aux représentants du personnel lors d'un Comité central d'entreprise à Chilly-Mazarin (région parisienne).
Le nouveau projet de la direction se situe en deçà des engagements pris par Sanofi le 17 mai après la présentation par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, des propositions d'un rapport ministériel.
Selon un document préparatoire au CCE dont l'AFP a eu connaissance, seulement 364 postes sur 617 resteraient sur le site pendant la durée du plan, alors que le rapport de la mission ministérielle tablait sur le maintien de 500 emplois. Le projet initial prévoyait, quant à lui, 200 départs de Toulouse et laissait les 400 autres dans le flou.
Lors de la présentation du rapport ministériel, le président de Sanofi France, Christian Lajoux, avait déclaré que le groupe acceptait que les propositions du rapport "constituent (sa) feuille de route".
Le nouveau plan prévoit pour Toulouse une centaine de mutations de chercheurs en maladies infectieuses vers Lyon, 63 suppressions d'emploi essentiellement dans les fonctions support (administration, informatique, finances...), et environ 80 transferts de fonctions support vers d'autres régions ou d'autres secteurs du groupe. Sanofi envisage, en outre, de créer à Toulouse trois entités issues des activités actuelles (dont une ciblant la lutte anticancéreuse), dont l'autonomie devrait être atteinte au cours des cinq prochaines années.
Un plan "inacceptable"
"Le projet de restructuration présenté au CCE du 2 juillet ne s'inscrit absolument pas dans l'esprit du rapport présenté par Jean-Pierre Saintouil et soutenu par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg", a réagi la CFDT, premier syndicat de l'établissement.
"L'autonomie, c'est un grand classique du désengagement", a renchéri Laurent Besson-Imbert, délégué de Sud-Chimie, deuxième syndicat à Toulouse. La CGT juge, pour sa part, que "ce nouveau projet de restructuration est inacceptable" et appelle à des rassemblements les 2 et 9 juillet pour combattre ce "nouveau plan de démantèlement de la Recherche".
Les négociations sur les mesures d’accompagnement du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) doivent débuter le 9 juillet.
Autre site où l'inquiétude régnait, Montpellier, qui emploie environ 1.064 personnes, verra ses activités de Recherche pour partie transférées en région parisienne et sera recentré sur le seul Développement. Il perdra 230 de ses salariés par le jeu des mutations et des suppressions nettes d'emplois.
Lundi, les salariés ont reçu le soutien du groupe socialiste du Sénat qui s'est inquiété "du double langage de la direction de Sanofi" et de sa stratégie alors que depuis plus d'un an Sanofi "semble", selon lui, "se diriger vers la financiarisation de son activité au détriment d'une véritable stratégie industrielle".
Le géant pharmaceutique avait annoncé, en juillet 2012, 914 suppressions nettes d'emplois en France dont 170 dans la Recherche et Développement d'ici à 2015 et 800 redéploiements par mobilité interne. Ce plan avait été rejeté par la Cour d'appel de Paris le 11 mars, faute d'informations suffisantes données à la représentation du personnel et d'un vrai plan de reclassement.
La direction avait alors indiqué qu'elle attendrait les résultats de la mission ministérielle pour présenter une nouvelle version.