Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi à Caligny (Orne) la tenue d'états-généraux de l'industrie "avant la fin de l'année", destinés à tracer les grandes lignes d'une "nouvelle politique industrielle" de la France.
Le chef de l'Etat s'exprimait lors d'une table ronde sur "la politique de soutien de l'activité et de l'emploi", après avoir visité l'équipementier automobile Faurecia, dans cette petite ville de l'agglomération de Flers.
"Si on ne garde pas les usines, on n'aura pas d'emplois", a lancé M. Sarkozy, alors que le chômage a connu une nouvelle hausse au deuxième trimestre (9,1%, à 2,6 millions de personnes).
Accompagné des ministres Patrick Devedjian (Relance) et Christian Estrosi (Industrie) et du secrétaire d'Etat Laurent Wauquiez (Emploi), le président a annoncé que l'Etat garantirait un éventuel repreneur de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), que ses propriétaires américains veulent fermer.
"On fera les états-généraux de l'industrie avant la fin de l'année, pour voir dans quelle filière on doit aider, dans quelle filière on doit investir sur le long terme", a affirmé M. Sarkozy, lors de la table ronde avec des responsables politiques et économiques de la région.
Il a tenu à rappeler qu'il s'agissait là d'une "très bonne idée" du secrétaire général de la CGT. Bernard Thibault l'a confirmé, soulignant toutefois que ces états généraux "n'avaient de sens que si c'est pour déboucher sur quelque chose de nouveau".
M. Sarkozy va demander à la ministre de l'Economie Christine Lagarde et à M. Estrosi de "rencontrer les partenaires sociaux et les fédérations industrielles pour établir avec eux le format et le calendrier de travail de ces états généraux".
Ces derniers "pourraient être préparés dans les différentes régions par ateliers" qui réuniraient PME, grandes entreprises, syndicats, universitaires, chercheurs et financeurs", a-t-il dit.
Ces travaux "pourraient se terminer par une convention nationale" qui tracerait les lignes d'une "nouvelle politique industrielle" pour la France, "avec une réflexion sur toutes les grandes filières à l'exemple de celles que nous avons déjà menées sur l'aéronautique, l'automobile et le bois", a-t-il dit.
Des états-généraux de l'automobile avaient eu lieu en janvier et de l'alimentation en avril.
Ler PS a ironisé sur la visite du président, affirmant que le maintien de Faurecia avait été permis par "la mobilisation de la région Basse-Normandie" a direction socialiste, et non par l'Etat.
Le président a également demandé à ses ministres "des propositions en vue de renforcer les fonds propres des PME, notamment industrielles".
M. Sarkozy a parlé avec volontarisme de la taxe carbone, alors que le débat sur l'opportunité et les modalités de cette contribution climat fait rage dans la majorité et l'opposition.
"La taxe carbone, je l'assume (...) demain c'est trop tard, c'est aujourd'hui qu'il faut prendre des décisions", a-t-il dit, prenant soin de répéter qu'il était favorable à ce que "les impôts diminuent en contrepartie".
"Un homme politique doit être courageux", a-t-il insisté, en dénonçant "ceux qui disent qu'ils sont pour l'environnement mais n'ont pas le courage" de l'assumer. Allusion à son adversaire socialiste de 2007 Ségolène Royal.
M. Sarkozy demandera à l'UE de se doter "d'une taxe carbone aux frontières".
"Sur la taxe carbone et la fiscalité écologique, on montrera l'exemple", a-t-il insisté.