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Scandale du Libor: amende de 774 millions d'euros pour Rabobank

Publié le 29/10/2013 14:20

La banque néerlandaise Rabobank a été rattrapée à son tour par le scandale de la manipulation du taux d'intérêt Libor : elle doit payer 774 millions d'euros d'amendes dans trois pays et son directeur général démissionne.

Rabobank devient le cinquième groupe financier, après trois banques et un courtier interbancaire, à être sanctionné dans cette affaire, qui a éclaté à l'été 2012 avec l'amende infligée à la banque britannique Barclays.

La banque néerlandaise, fondée à la fin du XIXe siècle par des fermiers néerlandais, est parvenue à des accords à l'amiable et a accepté de "payer approximativement 774 millions d'euros", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Piet Moerland, son directeur, a également annoncé sa démission avec effet immédiat "à la lumière des conclusions des enquêtes sur le Libor et l'Euribor".

Taux central dans le monde de la finance, le Libor est fixé sur la base de taux communiqués à Londres par un panel de banques internationales.

Ce taux interbancaire a une incidence sur des milliards de dollars de produits financiers ainsi que sur les taux d'intérêt des prêts aux ménages et aux entreprises.

"La faute professionnelle de Rabobank est parmi les plus graves que nous avons identifiées sur le Libor", a indiqué le directeur du l'Autorité de conduite financière (FCA) en Grande-Bretagne, Tracey McDermott, cité dans un communiqué.

Rabobank devra payer quelque 124 millions d'euros à la FCA, une amende qui est la "troisième plus importante dans l’histoire" de l'institution d'outre-manche.

Les employés de Rabobank "ont traité la fixation du Libor comme un moyen potentiel de se faire de l'argent, sans aucune considération pour l'intégrité du marché", a ajouté M. McDermott : "c'est inacceptable".

Rabobank devra également verser environ 580 millions d'euros aux autorités américaines et quelque 70 millions aux autorités néerlandaises.

Il s'agit de la deuxième amende la plus importante dans cette affaire, qui a éclaboussé au total une vingtaine de grandes banques internationales.

UBS avait dû payer 1,5 million de dollars tandis que la Royal Bank of Scotland avait dû verser plus de 600 millions de dollars, Barclay's environ 450 millions de dollars et le courtier interbancaire Icap 87 millions de dollars.

Chez Barclays, le scandale avait également conduit à la démission de l’ancien directeur général Bob Diamond et l’ancien directeur des opérations Jerry del Missier tandis que trois courtiers de chez Icap et deux courtiers de chez UBS avaient été arrêtés.

Le procès de l'un de ces deux courtiers, Tom Hayes, au centre de l'affaire, doit commencer au Royaume-Uni fin octobre.

A l'encontre des "idées coopératives" de Rabobank

Piet Moerland, cité dans le communiqué, a déclaré regretter "sincèrement que certains employés de Rabobank aient agi de manière inappropriée".

Selon la banque, une trentaine de personnes sont concernées.

"Il s’agissait certes d’une lacune qui a frappé l’ensemble du secteur, mais cela n’excuse en rien la conduite des employés de Rabobank", a-t-il souligné.

Les employés impliqués dans la manipulation du Libor, et qui travaillaient encore au sein de l’entreprise au moment de l’enquête, ont été licenciés.

Rabobank leur a infligé d’autres sanctions, comme le retrait de 4,2 millions d’euros au total de bonus engrangés sur la période 2009-2012, ou encore d’autres sanctions financières, a précisé Rabobank dans un communiqué.

"Pendant la période en question, Rabobank n'a pas apprécié les risques convenablement (...) et n'avait pas de système suffisant de contrôle mis en place", a ajouté la banque.

Le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem a assuré que "ce genre de fraude éhontée de la part des gestionnaires d'argent est très éloignée des idées coopératives de Rabobank".

Cité par l'agence de presse néerlandaise ANP, il a ajouté : "les sanctions imposées sont donc justifiées".

La banque néerlandaise, qui sert environ 10 millions de clients dans 48 pays et emploie près de 60.000 personnes, assure "être basée du des principes coopératifs".

Fondée comme une banque agricole coopérative, la banque a ensuite fusionné avec d'autres banques coopératives pour former Rabobank en 1972.

Le scandale du Libor avait éclaté en juin 2012, quand la banque britannique Barclays avait annoncé qu'elle allait payer pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britanniques et américains sur des manipulations de ce taux entre 2005 et 2009.

La Commission européenne a présenté en septembre une législation pour mieux encadrer les indices de référence, en particulier les taux interbancaires comme le Libor, utilisés dans de nombreux contrats, notamment immobiliers.

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