Le tribunal de commerce de Lyon a prononcé jeudi la liquidation judiciaire de Lejaby, ce qui doit permettre aux 450 salariés du fabricant de lingerie de toucher leur 13e mois, et a repoussé son choix d'un repreneur.
Une nouvelle audience est prévue le 17 janvier.
La liquidation, assortie d'une poursuite d'activité jusqu'au 20 janvier, n'est qu'un "moyen technique", et la cession de l'entreprise pourra se faire dans ce cadre, ont insisté représentants des salariés et de Lejaby.
Cette mesure doit permettre que les salariés touchent fin décembre un 13e mois, payé non par Lejaby mais par l'Association de garantie des salaires (AGS), un organisme patronal financé par les cotisations des employeurs.
Plusieurs repreneurs potentiels ont par contre souligné les conséquences désastreuses de la liquidation en termes d'image, alors que la marque doit justement se relancer.
Abcia, un fonds d'investissement grenoblois qui s'était manifesté le premier comme candidat au rachat de Lejaby, avait menacé de se retirer en cas de prise d'une telle mesure "dilatoire", menace qu'il a mise à exécution.
"Notre offre n'est plus d'actualité", a lâché au sortir de l'audience Rodolphe Tarnaud, PDG d'Abcia. Il proposait de reprendre 155 salariés et de "faire repartir sur de bonnes bases la belle endormie", fondée en 1930 à Bellegarde-sur-Valserine (Ain) et propriété du groupe autrichien Palmers depuis 2008.
En 2010, le groupe a fermé trois usines en France, dont son berceau historique, et supprimé déjà 197 postes, dans le but de produire à moindre coût à l'étranger.
Selon Patrice Henry, un associé du projet Abcia également dépité, "au 1er janvier il fallait être en place, rassurer les clients, payer les fournisseurs au moment où la saison printemps-été commence".
Restent sur les rangs trois repreneurs potentiels, qui sont venus jeudi présenter leurs projets au tribunal. De nouveaux candidats pourront se faire connaître d'ici le 29 décembre, nouvelle limite fixée.
Alain Prost, ex-dirigeant de l'italien La Perla, associé à Isalys, sous-traitant tunisien de Lejaby, et à Christian Bugnon, fils d'un ancien PDG de Lejaby, prévoient de "se concentrer sur un seul site", celui du siège du groupe à Rillieux près de Lyon, en y reprenant 194 personnes.
La dernière usine de production de Lejaby en France, à Yssingeaux (Haute-Loire), fermerait mais "une petite équipe de production" serait conservée au siège.
Selon M. Prost, Lejaby, "gravement malade", doit renouer avec la "créativité" qui a fait son succès.
La PME Canat, spécialiste de la lingerie de nuit basé à Millau (Aveyron), souhaite pour sa part s'adjoindre le "savoir-faire en corseterie" de Lejaby, et entend conserver la moitié des 100 salariés d'Yssingeaux, ainsi qu'une centaine de salariés à Rillieux.
Enfin, Emmanuel Venot, actuel directeur commercial de Lejaby, projette avec deux cadres de reprendre en France 145 salariés dont 35 à Yssingeaux, et 21 à l'étranger, où le groupe compte quelque 150 commerciaux et personnels administratifs dans des filiales. Il n'a cependant pas bouclé son financement.
"A ce jour, nous n'avons pas de préférence" entre les offres, a assuré Nicole Mendez (CFDT), entourée au tribunal par une cinquantaine de collègues. "Le nouveau délai permettra que les dossiers soient complétés voire améliorés", espère-t-elle.
A ses côtés, les mines sont défaites, à trois jours de Noël. "Le savoir doit rester sur le territoire", peut-on lire sur une des pancartes brandies. Un soutien-gorge géant a été fixé dans le hall du palais de justice.