Siemens a mis un point final lundi à sa collaboration avec Nokia dans les réseaux et équipements télécoms, en vendant au finlandais sa part dans leur coentreprise, nouvelle étape dans la vaste restructuration entreprise par l'industriel allemand.
Pour ses 50% dans cette entreprise commune, Nokia Siemens Networks (NSN), Siemens va récupérer 1,7 milliard d'euros de la part de Nokia, un prix jugé "plutôt juste" par Jasko Terzic, analyste de DZ Bank.
Cette décision concernant NSM, dont l'avenir était sujet à caution depuis plusieurs mois, a été bien accueillie en Allemagne et en Finlande. A la Bourse de Francfort, l'action Siemens était en tête de l'indice Dax avec une hausse de 1,62% à 78,91 euros vers 08H45 GMT, tandis que l'action Nokia bondissait de 7,03% à 3,054 euros, à la Bourse d'Helsinki.
"S'il était attendu que Siemens vende sa part, l'accord d'aujourd'hui (lundi) est bon", souligne M. Terzic.
Après avoir un temps espéré une introduction en Bourse, Siemens ne cachait plus son intention de se désengager de la coentreprise créée en 2007. L'arrivée à échéance d'un pacte d'actionnaires en avril lui a rendu la voie libre.
La presse avait spéculé sur différents scénarios, notamment une entrée en piste du français Alcatel-Lucent ou la vente à des fonds d'investissement.
Finalement, c'est la solution la plus simple qui a porté ses fruits, avec Nokia récupérant la totalité de la coentreprise de plus de 58.000 salariés, désormais concentrée sur les réseaux haut-débit mobile au prix d'un redressement à marche forcée qui a vu la suppression de milliers d'emplois, notamment en Allemagne.
"C'est en quelque sorte un retour à l'époque où Nokia avait du succès", avant le partenariat avec Siemens, quand le finlandais, en perte de vitesse depuis, était encore le numéro un mondial du téléphone portable, a estimé Ari Hakkarainen, analyste chez Andalys.
Bénéfice de 3 millions d'euros
Pour Nokia, cela va sans doute modifier les spéculations sur son propre rachat, NSN ayant beaucoup soutenu ses finances. Au premier trimestre, NSN, qui portera un nouveau nom, a réalisé un petit bénéfice de 3 millions d'euros.
Vu la morosité actuelle dans le secteur des mobiles, Ari Hakkarainen juge toutefois "assez probable" que Nokia finisse par vendre soit son activité mobile, soit l'activité réseaux. "C'est difficile d'imaginer quelqu'un qui voudrait acheter les deux. Nokia veut se mettre ainsi dans une position où l'une ou l'autre peuvent être achetées", explique l'analyste.
Le quotidien finlandais Helsingin Sanomat rapporte que NSN prévoit de céder aussi ses activités de fabrication, concernant six usines. Les sous-traitants chinois Foxconn, singapourien Flextronics et américains Sanmina-SCI et Jabil Circuit seraient sur les rangs pour un prix de vente de 500 à 600 millions d'euros. Le patron de NSN Rajeev Suri a toutefois déclaré, lors d'une conférence téléphonique, qu'il n'y aurait pas d'annonces à ce sujet ce lundi.
Avec cette cession, Siemens se désengage de son côté un peu plus du secteur télécoms. En 2008, il avait déjà vendu à un fonds la plupart de son activité dans les téléphones fixes sans fil, désormais fabriqués sous la marque Gigaset.
L'allemand se verra payer ses 50% dans Nokia Siemens Networks en deux fois: 1,2 milliard d'euros en cash immédiatement tandis que le solde de 500 millions prend la forme d'un crédit sécurisé d'un an après la clôture de l'opération, attendue au 3e trimestre.
Avec sa sortie de NSN, Siemens poursuit sur le chemin d'une restructuration destinée à se concentrer sur ses activités les plus porteuses, comme les centrales électriques ou la fabrication de trains.
Le groupe a déjà décidé de faire une croix sur son activité dans le solaire, faute d'avoir trouvé un acheteur. Et lundi, doit voir l'entrée en Bourse de sa branche d'ampoules électriques Osram.