Le Parlement européen a accordé mardi sa confiance à la nouvelle Commission européenne de José Manuel Barroso, qui après une période de flottement de plus de trois mois va devoir s'atteler sans tarder à relancer la croissance économique.
L'équipe "Barroso II" a été adoubée par 488 voix pour, 137 contre et 72 abstentions. "Une majorité plus forte qu'il y a cinq ans", s'est félicité le Portugais, y voyant une "légitimité démocratique" claire pour son deuxième mandat qui court jusque fin octobre 2014.
Conservateurs, socialistes (sauf les Français) et libéraux, représentés dans la nouvelle équipe, l'ont soutenu, contrairement aux Verts, aux communistes et à quelques eurosceptiques.
Après plusieurs mois de gestion des affaires courantes, suite notamment au retard dans l'application du traité de Lisbonne, la Commission doit s'attaquer aux conséquences de la crise financière.
"Des défis urgents requièrent des actions urgentes, mon équipe est prête", a assuré M. Barroso.
Souvent mis en cause lors du premier mandat pour son immobilisme, le Portugais s'est voulu volontariste, promettant des "mesures à court terme pour remettre l'Europe au travail" et promouvoir la croissance et l'emploi.
M. Barroso a admis les problèmes actuels de l'Europe. Elle ne compte "pas encore" autant qu'elle devrait dans le monde, a-t-il reconnu, insistant sur le besoin de parler "avec une seule voix".
En particulier, "si nous voulons renforcer notre base industrielle (...) il faut une coordination économique plus forte", a-t-il estimé, alors que l'idée d'un "gouvernement économique" sera au centre d'un sommet des dirigeants européens jeudi à Bruxelles.
Reste à voir si la nouvelle Commission saura relever le défi.
Sa vice-présidente britannique Catherine Ashton, Haute représentante pour les Affaires étrangères censée incarner la "voix de l'Europe", est déjà sur la sellette pour son effacement après le séisme en Haïti. En privé, les Français lui reprochent aussi de ne pas maîtriser la langue de Molière.
A son image, beaucoup de membres de l'équipe "Barroso II" doivent encore convaincre. "Monsieur Barroso avait promis une Commission qui serait plus que la somme d'individualités, mais l'addition de beaucoup de zéros ne peut pas donner un résultat positif", a raillé le chef de file des écologistes, Daniel Cohn-Bendit.
Lors de leurs examens de passage en janvier devant le Parlement, "j'ai eu l'impression que c'était l'ordre des trappistes" et "que l'abbé José Manuel a dit à ses novices: ne dites rien plutôt que de dire des bêtises", a raillé le président des eurodéputés socialistes, Martin Schulz.
Enfin, la Commission risque d'avoir du mal à s'affirmer face aux Etats et au nouveau président de l'UE Herman Van Rompuy, à l'origine du sommet de jeudi à Bruxelles.
"N'écoutez pas trop les Etats", a conseillé le leader des libéraux au Parlement, Guy Verhofstadt, à M. Barroso, accusé par ses détracteurs d'avoir l'échine trop souple face à Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel.
"Nous attendons de la Commission européenne qu'elle soit le moteur de l'Europe", a-t-il dit.
Une demande partagée même par la famille politique de M. Barroso, les conservateurs: leur président Joseph Daul réclame "une action énergique", car "la voix européenne n'a pas été à ce stade à la hauteur de nos espérances".
"S'il y a renationalisation (de l'UE) plutôt qu'un projet européen ambitieux, c'est la même chose qu'à Copenhague (sur le climat): les décisions sont prises par Barack Obama et Hu Jintao", les présidents américain et chinois, a mis en garde Martin Schulz.