Un Airbus A340 d'Air France, qui venait d'être révisé en Chine, a dû être immobilisé mi-novembre aux Etats-Unis, un mécanicien ayant constaté l'absence d'une trentaine de vis sur l'appareil pour une raison encore indéterminée qui a amené la compagnie à ouvrir une enquête.
"Dernièrement, (l'avion immatriculé) F-GLZR est rentré de Chine et a volé pendant quelques jours avant d'être arrêté: il lui manquait un tiers des vis sur un panneau de carénage", écrivent des pilotes dans le dernier bulletin du syndicat Alter dont l'AFP a obtenu une copie.
Air France sous-traite depuis plusieurs années la révision de ses Boeing 747 et désormais aussi celle de ses Airbus A340 à Xiamen (Chine). "Et le résultat est toujours à la hauteur des ambitions de notre entreprise!", ironisent les navigants.
L'incident découvert le 15 novembre à Boston (Etats-Unis), cinq jours après la sortie d'entretien de l'appareil, a entraîné l'ouverture d'une enquête interne toujours en cours, selon un porte-parole de la compagnie.
"A aucun moment, la sécurité des vols n'a été mise en jeu. Et l'avion n'a été immobilisé que quelques heures", a-t-il déclaré, se voulant rassurant au moment où Air France s'efforce de faire oublier l'accident du Rio-Paris (228 morts en 2009) qui a durablement écorné son image.
La partie de l'avion concernée est le karman de l'aile droite, "un cache d'habillage situé entre l'aile et le fuselage fixé par une cinquantaine de vis recouvertes d'un joint mastiqué", a-t-il précisé. "Le karman ne concerne pas une zone pressurisée", a-t-il insisté.
Un expert du constructeur européen Airbus a confirmé qu'il ne s'agissait pas d'une "pièce de structure".
"Comme il ne s'agit pas d'une pièce très lourde et étant donné son emplacement, on peut supposer -- sous réserve de certaines vérifications --, que si elle s'était détachée, elle serait partie avec le filet d'air", a-t-il encore commenté.
Entretien à bas coûts
Il a néanmoins reconnu que la trajectoire d'une pièce en vol est toujours incertaine et le risque de percuter une pièce maîtresse ne peut jamais être exclu.
Dans le sillage de plusieurs analystes, un porte-parole d'Alter a déploré ce nouvel incident, préjudiciable à la compagnie qui traverse aussi une crise financière.
Un Boeing 747-400 d'Air France avait déjà été immobilisé l'an passé après une grande visite en Chine: certaines parois de l'avion avaient été repeintes avec de la peinture potentiellement inflammable. L'avion avait volé pendant trois semaines.
Cette fois, l'A340 reparti de Xiamen le 10 novembre avait été inspecté pendant trois jours à Roissy avant de reprendre ses rotations, mais ce n'est que cinq jours plus tard, à Boston, que l'absence de vis a été constatée, le panneau ayant commencé à se détacher en vol.
Selon Air France, la présence de joint sur les vis a pu gêner l'inspection. "Cet incident est le premier de cet ordre", selon le porte-parole qui a fait valoir que le sous-traitant chinois Taeco était "internationalement reconnu et travaille depuis plus de quatre ans pour Air France".
Taeco, qui n'a pas commenté l'incident, est un des leaders mondiaux du grand entretien de gros porteurs. Il travaille notamment pour Lufthansa, British Airways, American Airlines, JAL et Emirates.
Les grandes compagnies, qui possèdent leurs propres filiales dédiées à la maintenance (Air France Industries KLM, Lufthansa Technik, etc.), se tournent vers lui pour réduire leurs coûts.
Des compagnies comme easyJet et Air Caraïbes confient de leur côté leurs appareils au suisse SR Technics.
Selon le magazine Aviation Week d'avril 2011, le marché de la maintenance est évalué à 50 milliards de dollars dont 8,7 pour la grosse maintenance, l'un des secteurs les plus compétitifs.