Un ministre belge a réclamé vendredi que la Commission européenne se montre aussi "rigoureuse" en matière de lutte contre les déficits avec tous les pays de l'UE qu'elle l'est avec la Belgique, pointant notamment la France, jusqu'ici épargnée par Bruxelles.
"Ce que j'attends de la Commission, c'est de ne pas se limiter à la Belgique. Je compare, au hasard, avec un pays en pleine campagne présidentielle comme la France, qui en terme de résultat budgétaire est nettement moins bon que la Belgique", a déclaré à la radio publique RTBF le secrétaire d'Etat à l'Energie, Melchior Wathelet.
La France a "largement dépassé les 80% de dette" et, "en termes de croissance, a pris des chiffres encore plus optimistes que la Belgique", a ajouté M. Wathelet, qui était ministre du Budget sous le précédent gouvernement.
"Je demande à la Commission européenne d'être aussi rigoureuse avec tous les pays", a insisté le ministre centriste francophone en se déclarant par avance "réjoui" si le commissaire aux Affaires financières, Olli Rehn, osait écrire une lettre au président français Nicolas Sarkozy pour lui demander de mettre son budget en conformité avec les règles européennes.
Les injonctions de la Commission européenne, qui a pressé la Belgique de faire des efforts budgétaires supplémentaires pour faire passer son déficit sous la barre des 3% en 2012, a provoqué une rare polémique en Belgique, où l'ensemble des partis est pourtant traditionnellement pro-européen.
Le ministre des Entreprises publiques, le socialiste francophone Paul Magnette, avait mis le feu aux poudres jeudi, en déclarant que la politique de rigueur "imposée" aux Etats de l'UE par la Commission européenne "n'est pas bonne" et qu'elle allait conduire à "15 ans de récession pour l'Europe".
Il avait ajouté qu'il fallait "tenir tête" à la Commission et ne pas simplement appliquer ses "oukases", souhaitant pouvoir "faire de l'assainissement autrement" et sans "couper dans des dépenses sociales".
Alors que la Commission s'est défendue d'appliquer une politique "ultra-libérale" comme le dénonçait Paul Magnette, le Premier ministre belge Elio Di Rupo, également socialiste, a publiquement désavoué son ministre. "La Belgique a une longue tradition pro-européenne et c'est de notre intérêt de la maintenir. Chacun peut avoir son point de vue mais l'Europe reste notre base commune", a déclaré M. Di Rupo au cours d'une séance à la Chambre jeudi.
Plus acerbe, le ministre des Affaires étrangères, le libéral Didier Reynders, a dénoncé vendredi le "populisme" de la figure montante du PS belge.
Plusieurs partis flamands, de l'opposition comme de la majorité, ont également vertement critiqué le ministre socialiste.