Le président français Nicolas Sarkozy s'est dit "choqué" vendredi par une décision de la Commission européenne de diviser par cinq les fonds alloués au programme d'aide alimentaire pour les plus démunis et a demandé à Bruxelles de revoir sa copie de façon urgente.
La décision "m'a beaucoup choqué, le programme européen d'aide alimentaire est très important pour les associations caritatives et les ONG", a affirmé M. Sarkozy devant la presse à l'issue d'une réunion des dirigeants européens à Bruxelles.
"La France est très attachée au maintien" de ce fonds, a insisté le chef de l'Etat français en soulignant que cette aide permet d'assurer la sécurité alimentaire de 13 millions de personnes en Europe.
"La France demande à la Commission européenne d'examiner immédiatement toutes les solutions pour l'avenir", a-t-il ajouté, en soulignant que Paris allait se mobiliser sur cette question à l'occasion d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture, mardi, à Luxembourg.
La Commission européenne a annoncé une baisse drastique de l'allocation au Programme européen d'aide aux plus démunis, ramenée de 500 à 113 millions d'euros l'an prochain du fait d'une décision de la justice européenne.
La Commission a expliqué cette semaine que la décision de réduire les fonds constituait "une frustration importante" pour l'exécutif européen. Mais, a ajouté un porte-parole, il y a "un blocage" de la part de certains Etats européens pour faire évoluer la situation. Le porte-parole n'a pas cité les Etats responsables selon lui du blocage.
Selon plusieurs associations caritatives, la baisse drastique de l'aide aux plus démunis pourrait priver au moins 2 millions d'Européens de l'aide alimentaire dont ils ont besoin.
La distribution gratuite de nourriture en Europe a été lancée pour la première fois, dans l’urgence, lors de l’hiver exceptionnellement froid de 1986. A cette époque, l’Europe disposait de stocks excédentaires de produits agricoles.
Ces vivres furent données à des associations caritatives se chargeant de leur distribution aux plus démunis. Mais, lors de la réforme de la PAC en 1990, ces stocks européens furent supprimés.
L’Europe remplaça les stocks par une enveloppe financière représentant 1% du budget de la politique agricole de l’Union Européenne, soit 500 millions d’euros attribués aux Etats de l'UE qui les répartissent entre les associations distributrices.
Mais, l’Allemagne, soutenue par la Suède, a déposé une plainte devant la Cour Européenne de Justice au motif que les 500 millions d’euros émanant du budget de la PAC constituaient, selon elles, une aide financière purement sociale qui "aurait perdu tout lien avec la politique agricole commune" et qui enfreint les principes des OCM (BIEN OCM, organisations communes de marché destinées à soutenir et organiser les marchés dans le cadre de la politique agricole commune, NDLR.
La Cour européenne de Justice a donné raison à l'Allemagne dans un arrêt rendu en avril dernier. La Commission n'avait pas fait appel.