PARIS (Reuters) - Arnaud Montebourg préconise, dans une interview publiée mardi, un retrait de la France du commandement intégré de l'Otan, une participation qui, selon le candidat à la primaire de la gauche en vue de 2017, "coûte cher" et ne permet pas à Paris de suffisamment influer sur les choix de l'Alliance.
Paris est le troisième pays contributeur au budget de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan), derrière les Etats-Unis et l'Allemagne, avec près de 220 millions d'euros en 2015.
Membre fondateur de l'Otan, la France avait quitté en 1966 son commandement militaire intégré sur décision du général de Gaulle au nom de l'indépendance nationale, avant de le réintégrer en 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
La participation de la France à l'Otan "nous coûte cher, nous n’y exerçons pas l’influence souhaitée et nous n’avons pas négocié une place qui nous permet d’infléchir des décisions de l’alliance", estime l'ex-ministre de l'Economie, dans les colonnes du Monde.
"L'Otan s’est engagée dans des expéditions militaires aventureuses, qui ont envenimé la conflictualité entre le bloc occidental et le monde arabe, et ne nous a pas protégé contre le terrorisme djihadiste", ajoute-t-il.
"Il me paraît naturel dans ces conditions que nous soyons capables d’assurer notre action indépendante."
Créée en 1949, l'Otan fait l'objet de critiques depuis plusieurs mois de la part du président-élu Donald Trump qui a qualifié pendant la campagne électorale l'Alliance "d'obsolète" et estimé qu'elle était trop financée par les Etats-Unis, préconisant une nouvelle distribution des coûts.
LA FRANCE "DOIT SE PRÉPARER"
L'homme d'affaires républicain a notamment remis en cause la défense systématique des alliés de l'Otan, un principe contenu dans l'article 5 du traité qui prévoit qu'une attaque contre l'un des membres de l'Alliance est une attaque sur l'ensemble des alliés.
Pour Arnaud Montebourg, "il est évident que les Européens vont avoir à apprendre à se passer du parapluie américain et cet apprentissage va se faire de façon accélérée si Donald Trump, qui semble vouloir pivoter vers l’Asie l’essentiel des préoccupations américaines, décide de se détourner de l’Europe."
"Oui, la France doit se préparer à réviser ses positions sur sa présence dans le commandement intégré de l’Otan", ajoute-t-il.
Le Livre blanc de la sécurité nationale de 2013, qui fixe les grandes orientations stratégiques de la France jusqu'à 2025, souligne que la stratégie de défense et de sécurité nationale "ne se conçoit pas en dehors du cadre de l'Alliance atlantique et de notre engagement dans l'Union européenne".
La France participe actuellement à la mission de "police du ciel" de l'Otan mise en place en Europe de l'Est depuis l'annexion - non reconnue par la communauté internationale- de la Crimée par la Russie en 2014. Quatre Mirage 2000 sont déployés depuis fin août en Lituanie où ils ont, selon le chef d'Etat major de l'armée de l'air, effectué de nombreuses interceptions d'avions russes, signe de la "tension croissante".
(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)