Alors que les auditions des dirigeants de Toyota au Congrès américain approchent, certains parlementaires essaient de tempérer la fureur politico-médiatique contre le constructeur, inquiets pour les plus de 170.000 emplois revendiqués par le groupe nippon aux Etats-Unis.
Le numéro un mondial de l'automobile a rappelé près de 9 millions de véhicules dans le monde et six millions aux Etats-Unis pour cause d'accélérateurs qui se bloquent ou de freins défectueux, et étudie un éventuel rappel de sa populaire Corolla pour des problèmes de direction.
Les autorités américaines examinent des plaintes de consommateurs sur un 4X4 de Toyota, la RAV4.
Beaucoup de parlementaires veulent se poser en défenseurs de la sécurité des consommateurs, comme le représentant démocrate du Texas (sud) Charles Gonzalez, alors qu'une usine Toyota est située à San Antonio.
"J'aimerais avoir plus d'entreprises comme eux dans ma circonscription créant des emplois de qualité, mais ce n'est pas la question", a-t-il déclaré à l'AFP au cours d'un entretien téléphonique.
"Nous avons des responsabilités envers tout le monde dans ce pays" et "on parle ici d'accusations sérieuses", a-t-il ajouté. La commission de la Chambre des représentants sur l'énergie et le commerce doit entendre mardi le patron de Toyota-USA, James Lentz.
Les membres de la commission parlementaire de surveillance de l'action gouvernementale ne devraient pas non plus ménager les dirigeants de Toyota et notamment son PDG Akio Toyoda, lorsqu'ils l'entendront mercredi.
Ils devraient notamment lui demander d'expliquer la lenteur de la réaction du groupe aux problèmes d'accélération involontaire, apparus dès 2007 voire avant, et l'accuser d'avoir dissimulé ses problèmes.
Mais certains parlementaires devraient toutefois se montrer soucieux de ne pas aggraver les problèmes du constructeur, qui revendique 33.400 emplois directs et quelque 140.000 emplois indirects dans le pays.
C'est ce qu'ont récemment rappelé dans une lettre commune les gouverneurs du Mississipi, du Kentucky, de l'Indiana et de l'Alabama, rejoints depuis par le gouverneur du Texas, des Etats où se trouvent des usines Toyota, qui en compte 14 dans le pays.
Ils accusent le gouvernement américain, désormais actionnaire à 60% de General Motors et à 8% de Chrysler, de "conflit d'intérêt" dans cette affaire.
Les gouverneurs vantent dans leur lettre les "emplois bien payés" de Toyota, qui "n'a pas licencié un seul employé en dépit de l'impact que tous ces problèmes ont pu avoir sur les ventes". Lesquelles ont chuté de 15% sur un an au mois de janvier.
Face au risque de voir ses stocks gonfler, le constructeur a prévu de suspendre la production de une à quatre journées d'ici avril dans l'usine du Kentucky (centre), et de deux semaines d'ici la mi-avril dans celle du Texas.
Les employés des deux usines continueront à être payés. Mais si les ventes de Toyota chutent durablement, le constructeur, qui dispose déjà de trop d'usines aux Etats-Unis par rapport à sa production, pourrait avoir à supprimer des emplois.
Mais pour David Cole, président du Center for Automotive Research, certains élus risquent d'être tentés de se montrer sévères à l'égard de Toyota: "Si vous représentez un Etat où il y a beaucoup de fabricants américains (...), c'est l'occasion de mettre la pression sur les concurrents des ouvriers de votre circonscription".
Pour la plupart des Américains et leurs représentants, "l'industrie automobile, ça reste avant tout General Motors, Ford et Chrysler", renchérit Terrence Guay, professeur à l'université de Pennsylvanie.