Veolia Environnement a annoncé mercredi qu'il prévoyait de réduire sa lourde dette de 2,5 à 3 milliards d'euros au 4e trimestre, après avoir vu ses bénéfices sur neuf mois fondre du fait de performances toujours moroses dans l'eau et les déchets, ses principaux marchés.
La dette est le principal chantier du plan de réorganisation "Convergence" lancé par le leader mondial de l'eau il y a plus d'un an, mais l'allègement annoncé pour le quatrième trimestre sera sa première matérialisation, la dette nette ayant encore augmenté à 15,2 milliards fin septembre.
Outre la cession déjà annoncée de l'activité déchets solides aux Etats-Unis --qui doit être finalisée d'ici fin novembre-- Veolia va "mettre en équivalence" sa participation de 25% dans la régie de l'eau de Berlin, après la prise de contrôle majoritaire des autorités allemandes.
"Cela va nous permettre de cesser d'inclure dans nos comptes 1,4 milliard d'euros de dette, en revanche, on perd notre part de chiffre d'affaires", a expliqué le directeur financier du groupe Pierre-François Riolacci lors d'une conférence de presse téléphonique.
D'autres cessions plus petites pourraient être finalisées avant la fin de l'année, Veolia travaillant à une série de désengagements représentant "plusieurs centaines de millions".
En revanche, le récent accord avec la Caisse des Dépôts (CDC) pour descendre à 40% dans leur coentreprise de transports collectifs Veolia Transdev n'aura pas d'impact avant 2013.
Transdev
Quant à la suite du désengagement dans Transdev, elle devrait attendre un délai "raisonnable" de deux ans. "Nous avons un accord pour discuter de manière constructive avec la Caisse des dépôts d'une descente à 20% en 2014", a expliqué M. Riolacci.
Côté résultats, Veolia a annoncé un bénéfice opérationnel sur neuf mois en baisse de 25%, mais un peu meilleur que les attentes.
Le groupe a réalisé sur neuf mois un chiffre d'affaires en hausse de 3% à 21,6 milliards d'euros, le bénéfice opérationnel récurrent reculant lui de 25% à 841 millions d'euros. Les analystes s'attendaient en moyenne à un chiffre d'affaires en progression de 2% et à un bénéfice opérationnel en baisse de 27%, selon Dow Jones Newswires.
Pour le chiffre d'affaires, le secteur de l'eau affiche une progression de 3% sur neuf mois, les déchets un recul de 1%, les services à l'énergie (Dalkia) se distinguant avec une progression de 8% grâce à la hausse des prix de l'énergie.
Veolia estime néanmoins avoir "bien résisté" dans un contexte de crise, et souligne notamment que le marché de l'eau en France est revenu dans le vert au troisième trimestre, avec une croissance de 1%.
Les annonces du groupe ont convaincu en Bourse: en début de séance, l'action bondissait de 5% à 8 euros.
Le géant de l'eau et des déchets est en pleine restructuration depuis août 2011, son plan --qui vise 5 milliards de cessions d'ici 2013-- s'étant déjà notamment traduit par une cession d'environ 1,5 milliard dans l'eau au Royaume-Uni.
Veolia a annoncé qu'il allait nommer un nouveau directeur général adjoint chargé de mettre en place la nouvelle organisation.
La mise en place de ce plan ne se fait pas sans remous: le patron du groupe Antoine Frérot a survécu en février à une tentative de débarquement largement imputée à son prédécesseur, l'actuel PDG d'EDF Henri Proglio, qui vient d'annoncer qu'il allait quitter le conseil d'administration.
Mais un nouveau front s'est ouvert entre les deux hommes pour le contrôle du spécialiste des services à l'énergie Dalkia, coentreprise entre EDF et Veolia, le géant de l'électricité cherchant à obtenir en justice le droit de passer de 34% à 50% dans Dalkia France.
Veolia n'a "certainement pas" l'intention de réduire sa participation, a souligné M. Riolacci. "C'est une activité performante, parfaitement cohérente en terme de synergies industrielles (...) et c'est Veolia qui y a massivement investi", a-t-il fait valoir.