Le "Printemps arabe" ralenti l'activité économique en 2011 partout où il est passé, tout en laissant prospérer les riches pays pétroliers du Golfe épargnés par la contestation, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié mercredi à Dubaï.
En Tunisie, d'où est partie la vague de contestation populaire qui a renversé à ce jour trois régimes autoritaires, la croissance sera nulle en 2011 alors qu'elle avait atteint 3,1% en 2010, annoncent les chiffres des perspectives économiques trimestrielles régionales du FMI.
La croissance va également chuter en Egypte, le pays arabe le plus peuplé, où le PIB ne devant progresser que de 1,2% en 2011 contre 5,1% en 2010 après la révolte de janvier/février qui a renversé Hosni Moubarak.
Les incertitudes politiques et économiques dans ces deux pays importateurs de pétrole, conjuguées à la faiblesse de l'économie européenne, partenaire commercial de premier plan, vont continuer de peser sur l'Egypte et la Tunisie en 2012, avec une reprise "plus faible que prévu", estime le FMI.
La Libye, qui s'est soulevée en février mais n'a réussi à éliminer Mouammar Kadhafi qu'après huit mois d'un conflit armé dévastateur, présente des perspectives bien plus sombres.
"Le PIB réel devrait se contracter de plus de 50%", écrit le FMI à propos de ce pays qui exportait 1,65 million de barils de pétrole par jour avant la révolte contre Mouammar Kadhafi et qui peine à rétablir sa production.
Les violences en Libye ont rejailli sur les pays voisins puisqu'elles ont contraint 1,5 million d'émigrés, en particulier égyptiens et tunisiens, à quitter le pays.
Le FMI prévoit aussi une contraction de 2% de l'économie syrienne, où le régime de Bachar al-Assad tente depuis mars d'écraser un mouvement de contestation sans précédent, après des années de croissance robuste.
Le Yémen, théâtre de manifestations massives contre le régime depuis janvier, devrait aussi voir son économie se contracter de 2,5% en 2011, après une croissance de 8% en 2010, selon le FMI.
Les troubles ont causé des "baisses de deux chiffres du nombre de touristes en Egypte, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Tunisie dans les cinq premiers mois de l'année", rappelle aussi le FMI.
Et les investissements étrangers directs ont diminué dans ces pays, où les mesures de stimulation se heurtent à la "marge de manoeuvre budgétaire limitée et à la hausse du coût de l'emprunt", selon l'institution monétaire internationale.
"En conséquence, une période difficile attend ces pays pour le reste de 2011 et 2012 et la reprise devrait être un processus de longue haleine", insiste le FMI.
Et si Bahreïn, monarchie du Golfe la plus touchée par la contestation, ne verra sa croissance limitée à 1,5% en 2011 contre 4,1% en 2010, les perspectives sont excellentes pour les pays pétroliers du Golfe épargnés par la contestation.
Tandis que les prix du pétrole s'envolaient -31% de plus qu'en 2010-, le Koweït, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont en effet augmenté leur production pétrolière pour compenser le manque libyen et le Qatar a encore développé sa capacité de production de gaz naturel liquéfié.
L'économie du Koweït devrait croître de 5,7% (3,4% en 2010) et celle des Emirats arabes unis de 3,3% (3,2% en 2010).
L'économie saoudienne va croître 6,5% en 2011 (4,1% en 2010), et celle du Qatar va continuer à exploser à +18,7%, après un +16,6% l'année dernière.
Oman, qui semble avoir mis derrière lui des troubles sociaux limités au printemps, va enregistrer une croissance de 4,4%, contre 4,1% en 2010.