Le prix des cigarettes augmente de 20 centimes lundi, faisant passer le paquet le moins cher à 6,30 euros et le plus vendu à 6,80 euros, en raison d'un relèvement des taxes voté au nom de la santé publique.
Le tabac à rouler va lui augmenter de 40 centimes.
La France est le pays de l'Europe continentale où le tabac est le plus cher, reconnaît le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, qui y voit le "reflet de l'action du gouvernement pour modérer la consommation de tabac".
Le gouvernement avait fait adopter fin 2012 une nouvelle hausse des taxes au nom de la santé publique, que les fabricants ont répercuté dans leurs prix. Le tabac provoque la mort de 73.000 personnes par an en France, selon des experts.
L'association Alliance contre le tabac avait jugé, lors de son annonce, cette augmentation de 20 centimes "ridicule", anticipant qu'elle serait "sans effet" sur le comportement des fumeurs.
"Quelle reculade inacceptable! Cette augmentation d'à peine 3% sera une fois de plus sans effet sur le comportement des fumeurs", écrit l'association dans un communiqué, évoquant un "marchandage immoral" et "condamnable". Mi-juin la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait annoncé une augmentation de "30 à 40 centimes" dès le 1er juillet, satisfaisant les associations de lutte contre le tabagisme.
Le ministre assure que "la précédente hausse des prix, de 40 centimes en novembre 2012, a eu un effet dissuasif avéré sur la consommation. Les ventes de cigarettes ont baissé de près de 9% (en volume et -2,7% en valeur, NDLR) au premier semestre 2013, par comparaison avec le premier semestre 2012".
les buralistes en grève administrative
La baisse des ventes chez les buralistes n'est cependant pas toujours synonyme de baisse de la consommation. Plusieurs études ont montré que 20% au moins des cigarettes fumées en France ont été achetées à l'étranger, via internet ou sous le manteau.
Les buralistes s'attendent donc à une baisse de leurs ventes et vont exprimer leur colère en organisant une grève administrative dès lundi et essayant de sensibiliser leurs clients.
Ils n'enverront pas à l'administration les "déclarations de stock" qu'ils doivent remplir à chaque changement de prix.
Les 27.000 buralistes sont invités à apposer une affiche "destinée à interpeller les 10 millions de clients du réseau sur ce qu'ils payent réellement (décomposition du prix d'une cigarette entre taxes, fabrication/distribution et commission allouée aux buralistes)". L'Etat empoche 80% du prix d'une paquet de cigarettes, sous forme de taxe. Soit 15,5 milliards d'euros en 2012, affectés à la sécurité sociale.
D'autant qu'ils craignent encore de possibles hausses à l'automne et/ou en janvier au moment du relèvement de la TVA.
La Confédération des buralistes s'inquiète aussi du rapport Queyranne sur les aides publiques aux entreprises qui doit être remis mercredi. Selon la Confédération, le rapport propose de "démanteler le contrat d'avenir signé entre les buralistes et l'Etat", qui prévoit des compensations financières au recul des ventes de tabac.
La Confédération ne "sifflera la fin de la grève administrative, en restituant les déclarations de stocks aux Douanes, que lorsque le gouvernement aura pris position contre le rapport Queyranne et que la profession disposera de réponses quant à la politique des prix sur le tabac".
"Ils demandent également la mise en œuvre d’un véritable plan de lutte contre le marché parallèle", explique la Confédération dans un communiqué.
"L'avenir d'un nombre important de buralistes pourrait se jouer sur ces seules recommandations. Près d'un millier de buralistes frontaliers ou encore plusieurs centaines de petits débits ruraux, sont déjà fragilisés", estime-t-elle.