par Karolina Tagaris et Toby Sterling
ATHENES/AMSTERDAM (Reuters) - L'Union européenne n'est pas en mesure de faire à nouveau face à un flux migratoire similaire à celui de 2015 et doit oeuvrer à éviter un exode massif d'Afghanistan, a déclaré mercredi la Grèce, alors que les pays de l'UE se divisent sur la question sur fond de flambée des violences en Afghanistan.
Après avoir co-signé la semaine dernière une lettre dans laquelle elle soulignait avec cinq autres pays de l'UE la nécessité de poursuivre les expulsions des demandeurs d'asile ayant été déboutés, et ce malgré les affrontements en Afghanistan, la Grèce a réitéré que renoncer à ces expulsions "enverrait le mauvais message".
"Cela poussera davantage de personnes à tenter de fuir pour rejoindre l'Union européenne", a dit à Reuters le ministre grec de l'Immigration, Notis Mitarachi.
Toutefois, en parallèle, deux pays signataires de la lettre - Pays-Bas et Allemagne - ont subitement changé de position, annonçant mercredi qu'ils suspendaient pour le moment l'expulsion des ressortissants afghans ayant effectué une demande d'asile, citant l'escalade du conflit en Afghanistan.
L'Autriche a indiqué qu'elle maintenant sa position. Aucun commentaire officiel n'a été effectué par le Danemark et la Belgique.
A Berlin, où la crise migratoire de 2015 a particulièrement fait des remous, le ministre allemand de l'Intérieur a déclaré qu'un Etat basé sur la règle de droit avait le devoir de garantir que les déportations ne mettaient pas les personnes en danger.
"La situation sécuritaire évolue tellement rapidement que nous ne pouvons répondre à cette responsabilité", a dit Horst Seehofer.
Ces commentaires contradictoires illustrent les divisions régnant au sein du bloc communautaire, alors que plus d'un million de réfugiés, principalement syriens, afghans et irakiens, avaient fait route vers l'UE en 2015.
Pour l'heure, la problématique relève de la théorie, alors que l'escalade des affrontements entre les insurgés taliban et les forces de sécurité afghanes limite les mouvements. Du fait de la situation sécuritaire, l'Allemagne a annulé la semaine dernière un vol devant rapatrier à Kaboul six ressortissants afghans reconnus coupables de crimes.
(avec la contribution de Holger Hansen, Alexandra Schwarz-Goerlich, Stine Jacobsen, Alexander Ratz; version française Jean Terzian)