par Balazs Koranyi et Francesco Canepa
FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a averti jeudi que la recrudescence des cas d'infection par le coronavirus représentait un risque supplémentaire pour la reprise dans la zone euro et elle a renouvelé sa promesse de maintenir des coûts de financement très bas pour soutenir l'économie.
Six semaines après l'annonce de nouvelles mesures massives de soutien au crédit, son Conseil des gouverneurs a choisi de laisser sa politique monétaire inchangée tout en appelant les gouvernements à prendre le relais. Mais la BCE n'a pas pour autant caché son inquiétude face à l'évolution récente de la crise sanitaire et aux mesures prises par les autorités pour tenter de l’endiguer, qui sont autant de freins à l'activité économique.
"La résurgence des contaminations par le COVID-19 et le prolongement des mesures de confinement imposées dans de nombreux pays de la zone euro perturbent l'activité économique", a déclaré la présidente de l'institution, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse.
Les dernières mesures de confinement, la lenteur du démarrage des campagnes de vaccination et la vigueur de l'euro devraient freiner la croissance au premier trimestre, au risque de remettre en question les prévisions de la BCE, qui table sur ne reprise soutenue à partir du deuxième trimestre.
Christine Lagarde a salué dans le début de la vaccination une "étape importante" en dépit de "certaines difficultés" et elle a précisé sue les données les plus récentes disponibles étaient en ligne avec les prévisions de la banque centrale. Elle a reconnu parallèlement que l'appréciation de l'euro freinait la remontée de l'inflation et réaffirmé que la BCE surveillait "très attentivement" l'évolution du taux de change.
Si elle a perdu environ 1% depuis le 1er janvier en données pondérées des échanges, la monnaie unique affiche encore une hausse de près de 7% sur un an sur cette base, et de plus de 10% face au dollar américain. Jeudi, elle s'échangeait contre 1,2160 dollar vers 15h35 GMT après un pic d'une semaine à 1,2173.
Au cours de sa conférence de presse, Christine Lagarde a surtout évoqué les risques "à la baisse" entourant les perspectives économiques de la zone euro, une formulation qui signifie que la BCE juge l'hypothèse d'un assouplissement accru de sa politique plus probable que celle d'un resserrement. Mais elle a précisé que ces risques avaient commencé à refluer, en particulier grâce à l'accord entre Bruxelles et Londres sur l'après-Brexit.
"Les nouvelles concernant les perspectives de l'économie mondiale, l'accord sur les futures relations entre l'UE et le Royaume-ni et le début des campagnes de vaccination sont encourageantes", a-t-elle dit. "Mais la poursuite de la pandémie et ses implications sur les conditions économiques et financières restent de sources de risques à la baisse." Ces préoccupations de court terme ne devraient toutefois pas remettre en cause les perspectives d'amélioration à plus long terme, a-t-elle expliqué.
"Une fois que l'impact de la pandémie se dissipera, la reprise de la demande, soutenue par des politiques budgétaires et monétaires accommodantes, exercera une pression à la hausse sur l'inflation à moyen terme", a-t-elle dit.
Elle a en outre rappelé que le programme d'achats d'obligations PEPP, lancé en mars dernier, pouvait encore mobiliser quelque 1.000 milliards d'euros en cas de besoin. La BCE répète toutefois qu'elle pourrait ne pas utiliser la totalité de cette enveloppe, augmentée de 500 milliards en décembre pour rassurer les marchés. "Si des conditions de financement favorables peuvent être maintenues avec des flux d'achats d'actifs qui n'épuisent pas l'enveloppe sur l'horizon d'achats du PEPP, l'enveloppe n'aura pas besoin d'être utilisée en totalité", a expliqué Christine Lagarde.
Le taux de refinancement de la BCE reste fixé à zéro, celui de la facilité de dépôt à -0,5% et celui de la facilité de prêt marginal à 0,25%.
(Balazs Koranyi et Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)