TOURS, Indre-et-Loire (Reuters) - Le camp de migrants de Calais sera effectivement "entièrement" démantelé, a promis samedi François Hollande, qui a défendu la répartition des demandeurs d'asile dans des petits centres éparpillés en France, dénoncée par une partie de la droite.
Le chef de l'Etat visitait un de ces 164 centres d’accueil et d’orientation (CAO) de réfugiés, à Tours (Indre-et-Loire), avec les ministres de l'Intérieur, de la Santé et du Logement, Bernard Cazeneuve, Marisol Touraine et Emmanuelle Cosse, deux jours avant d'aller lui-même à Calais.
Le sort de la "jungle" de Calais, où les candidats à la primaire de droite pour l'élection présidentielle de 2017 ont défilé ces derniers temps, et plus généralement la question de l'immigration, sont des thèmes au coeur de cette pré-campagne.
Au CAO de Tours, François Hollande a dit avoir recueilli le témoignage de réfugiés passés par Calais, où ils ont vécu "dans des conditions extrêmement difficiles", indignes et également inacceptable pour les Calaisiens, a-t-il dit.
"Il était donc important que nous puissions, à ceux qui relèvent du droit d'asile, proposer une solution pour qu'ils ne soient pas dans ces conditions", a-t-il poursuivi.
Il a estimé que les "campements" comme celui de Calais avait trop longtemps été une "solution de facilité".
"Il ne peut pas y avoir en France de camp. Et donc ceux qui demandeurs d'asile à Calais seront (répartis) dans ces structures", a ajouté François Hollande. "Au cours des prochaines semaines, ce sera fait."
Selon les associations d'aide aux réfugiés, plus de 10.000 migrants vivent aujourd'hui dans la "jungle" de Calais, d'où nombre d'entre eux tentent quotidiennement de passer en Grande-Bretagne par le tunnel sous la Manche.
Bernard Cazeneuve a annoncé le 14 septembre que le gouvernement était à la recherche de 9.000 places.
Selon François Hollande, il ne peut s'agir que de petites unités, réparties sur "l'ensemble du territoire" et recevant 40 à 50 personnes "pour un temps limité, trois à quatre mois", en concertation avec les élus locaux.
80.000 DEMANDEURS D'ASILE
Des élus locaux interrogés ces derniers temps par les médias français accusent les pouvoirs publics de leur avoir imposé la présence de tels centres sur leur commune, sans concertation.
Près de huit Français sur dix (76%) estiment justifié le démantèlement de la "jungle" de Calais mais 57% s'opposent à la dispersion des migrants, selon un récent sondage Elabe pour BFM TV.
De leur côté, des dirigeants de droite, dont l'ex-chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, dénoncent une mesure qui conduirait selon eux à créer des "mini-Calais" un peu partout en France.
"Nous n’avons pas à vider la jungle de Calais pour la disséminer partout en France et se retrouver avec 100 ou 150 Calais en France", a ainsi déclaré ce candidat à la primaire de droite sur France 2, le 15 septembre.
Réplique de François Hollande : "Il y a des règles qui doivent être respectées mais on ne démantèle pas un camp sans qu'il y ait des solutions ; sinon c'est l'irresponsabilité, c'est faire que partout se diffusent des cohortes de réfugiés qui s'installeraient n'importe où et n'importe comment."
Il a évalué à environ 80.000 le nombre actuel de demandeurs d'asile en France, qui doivent bénéficier, selon lui, de formalités leur permettant d'être intégrés en France avec leur famille. Ceux qui ne relèvent pas du droit d'asile ont vocation a être reconduits à la frontière, a-t-il réaffirmé.
Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi que 13 personnes en situation irrégulière à Calais avaient été expulsées le jour-même par un avion. Il a précisé dans un communiqué que 1.440 personnes avaient été, au total, "éloignées du territoire national depuis Calais", depuis le début de l'année.
Selon le ministère de l'Intérieur, 230 filières d'immigration clandestine ont par ailleurs été démantelées jusqu'ici en 2016, soit 20% de plus que l'an dernier. Une trentaine de ces filières étaient à destination du Royaume-Uni.
(Stéphane Mahé, avec Emmanuel Jarry à Paris)