par Maria Sheahan et Victoria Bryan
FRANCFORT/BERLIN (Reuters) - Le syndicat des pilotes allemands Vereinigung Cockpit a appelé à la grève pour mercredi et jeudi, poursuivant ainsi le bras de fer qui l'oppose à Lufthansa (XETRA:LHAG).
Le syndicat avait d'abord appelé à la grève simplement pour mercredi sur les vols court et moyen courrier, contraignant la compagnie allemande à annuler 750 vols, soit la moitié environ des 1.400 prévus pour mercredi.
Deux heures avant le début de la grève de mercredi, Vereinigung Cockpit a annoncé une nouvelle action de 24 heures pour jeudi, cette fois sur les vols long courrier et cargo.
Il s'agit du dernier développement en date de la joute que se livrent le syndicat et la direction de la compagnie aérienne concernant son projet de développement des opérations à bas tarifs pour mieux résister à la concurrence des compagnies low cost et des compagnies du Golfe.
Le syndicat a expliqué que la direction de la Lufthansa se montrait irréductible dans sa volonté de proposer des conditions de travail moins bonnes aux pilotes les plus jeunes, l'obligeant donc à recourir à la grève.
C'est la deuxième grève de ce syndicat cette année, après les 10 organisées en 2014.
Lufthansa, qui affirme que la croissance de ses principales marques dépendra de réductions des coûts, a réagi en annulant des négociations salariales prévues ce mardi avec le syndicat.
Les grèves de 2014 ont coûté 232 millions d'euros à la compagnie aérienne allemande.
Malgré cela, Lufthansa a annoncé la semaine dernière qu'elle tablait cette année sur un bénéfice d'exploitation ajusté de plus de 1,5 milliard d'euros, contre 1,2 milliard en 2014, sans toutefois prendre en compte le coût induit de nouvelles grèves.
Le président du directoire Carsten Spohr, s'exprimant mardi à Washington lors d'un sommet de l'aviation, a dit que la compagnie gérait mieux les grèves et qu'en conséquence leur impact sur l'activité devrait s'amenuiser avec le temps.
Les pilotes réclament une médiation pour résoudre les problèmes existants, tandis que la direction ne veut d'un tel arbitrage que sur la question des prestations de pré-retraite. Actuellement, les pilotes peuvent partir à la retraite à 55 ans et percevoir une portion de leur salaire jusqu'à l'âge légal de départ à la retraite de 65 ans.
Lufthansa ne veut pas changer ces conditions pour ceux qui ont été embauchés avant 2014 mais, pour les autres, elle veut repousser l'âge moyen de départ à la retraite à 61 ans alors que, selon elle, cet âge moyen est actuellement de 59 ans et six mois.
Les vols des filiales Germanwings, Eurowings, Air Dolomiti, Swiss et Austrian ne seront pas touchés par la grève, non plus que les vols longue distance.
(Edward Taylor et Maria Sheahan; Wilfrid Exbrayat, Benoît Van Overstraeten et Patrick Vignal pour le service français)