L'Union européenne a tenté de se défendre mardi pour avoir fait preuve de mansuétude concernant le déficit public espagnol mais décidé à l'inverse de sanctionner la Hongrie pour son dérapage budgétaire.
Les ministres des Finances des 27 ont voté mardi le gel temporaire de 495 millions d'euros du fonds de cohésion destinés à Budapest, une première.
Cette décision a été motivée par l'incapacité répétée de la Hongrie à revenir dans les clous du pacte budgétaire, soit 3% de déficit public.
Les débats qui ont précédé le vote ont toutefois été houleux, certains pays souhaitant laisser plus de temps à Budapest pour agir, selon une source diplomatique. La Lituanie a notamment demandé que la Hongrie bénéficie d'un délai de deux mois, selon une autre source européenne. Au final, tous les pays ont approuvé le gel des aides, qui doit prendre effet à partir du 1er janvier 2013, seule la Pologne s'est abstenue.
"Nous devons traiter tous les pays de la même façon", avait affirmé la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, en marge de la réunion avec ses homologues européens. Or, "nous n'avons pas adopté de sanctions contre l'Espagne". "Par rapport à la pression mise sur la Hongrie, j'ai l'impression qu'il y a deux poids, deux mesures", a-t-elle regretté.
Lundi, la zone euro a accepté d'assouplir l'objectif de réduction du déficit budgétaire de l'Espagne en 2012, à 5,3% du PIB contre 4,4% prévu à l'origine.
"Le même traitement et le même respect est appliqué aux pays sous procédure" de déficit excessif, a répliqué la ministre danoise des Finances, Margrethe Vestager, en réponse à ceux affirmant que les pays n'ayant pas adopté l'euro et en déficit étaient plus pénalisés que leurs voisins de la zone euro.
"Nous ne sommes pas spécialement cléments envers un pays et durs envers un autre", a également réagi Amadeu Altafaj, le porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, rappelant que la Hongrie devait corriger ses déficits dès 2011 et n'avait "pas fait d'efforts suffisants".
A l'inverse, le délai pour l'Espagne a été fixé à 2013 et le pays s'est "fermement engagé" à le respecter, a-t-il souligné.
"C'est la cinquième fois que la Hongrie est en procédure de déficit excessif, c'est le champion absolu de la procédure, d'où le fait qu'elle soit la première visée", a souligné de son côté un diplomate européen.
Pour ménager les pays qui trouvaient l'UE trop sévère, un compromis a été trouvé: la sanction sera levée "immédiatement" si la Hongrie présente des mesures correctives d'ici le 22 juin.
La réunion de mardi a par ailleurs permis de faire un état des lieux des positions sur la proposition de la Commission européenne de créer au niveau des 27 une taxe sur les transactions financières.
L'idée est défendue par neuf Etats emmenés par l'Allemagne et la France, mais plusieurs de leurs partenaires y sont fortement opposés, comme la République tchèque ou la Suède, et même certains au sein de l'Union monétaire.
Face à ces difficultés, le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré mardi qu'il continuerait de "se battre" pour l'instauration de cette taxe en Europe, mais s'est dit prêt à se tourner vers des solutions alternatives comme l'instauration d'un droit de timbre ou encore "des mesures de régulation pour combattre le trading à haute fréquence".
Le fait que neuf pays européens soient prêts à aller de l'avant leur permet théoriquement de mettre en place cette taxe grâce au mécanisme de coopération renforcée, mais il leur faut au préalable démontrer qu'un accord à l'unanimité est impossible au sein de l'UE, ce qui laisse augurer de longs débats.
"Si nous ne constatons pas rapidement de nets progrès, nous nous tournerons vers d'autres solutions, car c'est mieux que de dire: tout ou rien", a dit M. Schäuble.
La présidence danoise a d'ores et déjà prévu d'y consacrer six réunions, mais ne compte pas boucler le dossier d'ici fin juin.