Le prix Nobel d'économie 2011 a été décerné lundi aux Américains Thomas Sargent et Christopher Sims pour des travaux permettant de comprendre comment des événements imprévus ou des politiques programmées influencent les indicateurs macroéconomiques.
Les deux lauréats, âgés de 68 ans, sont récompensés "pour leur recherche empirique sur la cause et l'effet en macroéconomie", a annoncé le comité Nobel.
"Une des tâches principales de la recherche en macroéconomie consiste à comprendre comment chocs (événements inattendus) et changements systématiques de politique affectent les variables macroéconomiques à court et long terme", selon le comité, qui explique que "les recherches de Sargent et Sims ont été indispensables à ce travail".
Le professeur Sims, joint par téléphone par l'Académie royale suédoise des sciences qui décerne le prix, a reconnu que la complexité des méthodes mises en place par lui et son co-lauréat ne permettaient pas de donner une réponse simple pour sortir de la crise mondiale.
"Si j'avais une réponse simple, je la propagerais dans le monde (...) mais je pense que les méthodes que j'ai utilisée et que Tom (Sargent) a développée sont essentielles dans la recherche d'un moyen de nous sortir de ce marasme", a-t-il déclaré.
En attendant, face aux difficultés du marché, il entend bien garder son argent "en liquide un certain temps, pour réfléchir" et non l'investir en Bourse, a-t-il lancé.
A propos de la crise dans la zone euro, les deux économistes ont plaidé pour un fédéralisme budgétaire correspondant au fédéralime monétaire incarné par la Banque centrale européenne (BCE).
Lors d'une conférence de presse à l'Université de Princeton, M. Sargent a donné en exemple les treize Etats fondateurs des Etats-Unis, qui décidèrent de restaurer leur crédibilité en unissant leurs budgets avec la Constitution de 1787.
"Mon point de vue est que si l'euro doit survivre, il faudra que la zone euro conçoive une manière de partager les fardeaux budgétaires", a abondé son confrère Christopher Sims.
Réagissant à son prix sur le site internet de l'Université de Princeton, où il enseigne actuellement, le professeur Sargent a tenté de résumer son apport à la science économique: "des méthodes statistiques pour juger de la réussite et de l'échec des modèles théoriques qui mettent l'accent sur la manière dont les gens forment des attentes sur les politiques publiques, et dont ces attentes influencent ce qui se produit".
"Les statistiques nous disent que nous savons certaines choses et en ignorons d'autres. Les banques centrales et les trésors publics sont très intéressés par le fait de savoir quel point de vue sur le monde ils peuvent adopter. Chris et moi avons des disciples dans les banques centrales du monde entier, et ils appliquent ces travaux", a-t-il expliqué.
Thomas Sargent, né à Pasadena (Californie) et enseignant à l'Université de New York, ainsi que Christopher Sims, né à Washington, succèdent au palmarès aux spécialistes du marché du travail, le Britannico-chypriote Christopher Pissarides et les Américains Peter Diamond et Dale Mortensen.
Officiellement dénommé "prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel", ce prix est le seul non prévu dans le testament de l'inventeur suédois de la dynamite.
Décerné depuis 1969 et financé par la banque centrale suédoise, il clôt la saison des Nobel et fonctionne comme les autres prix avec un comité et une dotation de 10 millions de couronnes (1,08 million d'euros). Les prix seront remis à Stockholm le 10 décembre.
En dix ans, 20 lauréats, dont 17 Américains, ont été récompensés.