par John Whitesides et Amanda Becker
WASHINGTON (Reuters) - Portée par son triomphe dans la primaire démocrate de Caroline du Sud, Hillary Clinton s'est d'ores et déjà projetée sur un possible duel face à Donald Trump le 8 novembre lors de l'élection présidentielle aux Etats-Unis.
L'ex-secrétaire d'Etat s'est très nettement imposée samedi face à son rival Bernie Sanders dans cet Etat du sud du pays, où l'électorat noir l'a plébiscitée à près de 90%. Clinton s'est également imposée dans la quasi-totalité des autres catégories d'électeurs (femmes, hommes, urbains, suburbains, ruraux, libéraux, conservateurs).
Seuls les jeunes électeurs (18-29 ans) et les hommes blancs lui ont préféré Sanders, dont la campagne semble patiner après avoir déchaîné l'enthousiasme, notamment auprès des jeunes.
Résultat: avec 73,5% des voix contre 26% seulement pour son rival, l'ex-Première dame a signé sa troisième victoire en quatre primaires et aborde en confiance le rendez-vous primordial du "Super Tuesday", ce mardi.
Ce premier juge de paix de la longue saison des primaires va permettre aux électeurs de onze Etats côté démocrate et treize côté républicain de faire connaître leur préférence.
Si Clinton assure qu'elle n'est pas encore assurée à ce stade de décrocher l'investiture de son parti, elle n'en a pas moins tourné son discours vers l'élection du 8 novembre en dirigeant ses attaques sur Donald Trump, favori dans la course à l'investiture du Grand Old Party.
"En dépit de ce que vous entendez, nous n'avons pas besoin de restaurer la grandeur de l'Amérique. L'Amérique n'a jamais cessé d'être grande", a-t-elle dit dans son discours de victoire en Caroline du Sud, visant directement le "Make America Great Again", slogan de campagne de Trump.
Dans le camp républicain, le promoteur immobilier et star de la téléréalité peut lui aussi attendre avec confiance l'issue du Super Tuesday.
Car les sondages laissent entendre que les primaires de mardi ne modifieront pas les dynamiques de campagne côté démocrate comme républicain, où il ne reste plus que cinq candidats en lice (Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio, John Kasich et Ben Carson).
D'après les compilations du site Real Clear Politics, Clinton est en tête en Alabama, dans l'Arkansas (dont son mari Bill fut le gouverneur au début de sa carrière), dans le Colorado, en Georgie, dans le Minnesota, en Oklahoma, dans le Tennessee, au Texas et en Virginie. Sanders part gagnant dans son Etat, le Vermont, dont il est sénateur et talonne la favorite dans un autre Etat du nord-est, le Massachusetts.
Trump est donné gagnant en Alabama, en Georgie, dans le Massachusetts, dans le Tennessee, dans le Vermont et en Virginie. Les jeux sont plus serrés en Alaska, dans le Minnesota et dans l'Oklahoma, trois Etats où il émerge en tête des intentions de vote mais où Ted Cruz et/ou Marco Rubio le talonnent. Dans le Texas, dont il est sénateur, Cruz est devant, ainsi qu'en Arkansas.
Un duel entre les deux favoris actuels des primaires verrait s'affronter un pur produit des élites politiques américaines, Hillary Clinton, qui a été tour à tour First Lady (1993-2001), sénatrice de New York (2001-2009) et chef de la diplomatie américaine sous le premier mandat de Barack Obama (2009-2013) et une incarnation de leur rejet, Donald Trump, qui se présente en candidat anti-système et n'a jamais été élu à aucune charge publique.
(avec Alana Wise à Washington, Luciana Lopez à New York et Emily Stephenson au Texas; Henri-Pierre André pour le service français)