Après le creux du dernier trimestre 2012, l'économie allemande semble déjà voir le bout du tunnel, à en croire des indicateurs publiés cette semaine, dont l'Ifo vendredi qui reflète le moral des entrepreneurs du pays.
Zew, PMI, Ifo: coup sur coup, ces trois indicateurs ont livré en janvier des chiffres meilleurs que prévu pour l'Allemagne, rendant les économistes plus confiants, malgré la prudence du gouvernement, qui a abaissé mi-janvier sa prévision de croissance 2013 à 0,4% contre 1% jusque là.
L'Ifo s'est hissé à 104,2 points, son plus haut niveau depuis sept mois. Les 7.000 entreprises allemandes consultées se sont montrées plus optimistes aussi bien sur la conjoncture au cours des six prochains mois que sur la situation actuelle de l'économie du pays.
Jeudi, la première estimation de l'indice PMI de janvier par l'institut Markit a attesté de la robustesse retrouvée de l'activité du secteur privé allemand, qui a affiché sa plus forte croissance depuis un an.
Le secteur des services a enregistré en janvier sa plus forte croissance depuis un an et demi, tandis que la production manufacturière a connu sa première progression, bien que marginale, depuis mars 2012.
Mardi, l'indice de confiance des milieux financiers allemands, le Zew, a effectué un bond spectaculaire de 24,6 points sur un mois pour grimper à 31,5 points, son plus haut niveau depuis mai 2010.
"Après la surprise du Zew et un PMI impressionnant, le moral des entrepreneurs a dépassé les attentes du marché. Il y a des signes tangibles que le climat économique dans la première économie de l'Union européenne s'améliore", a commenté Anita Paluch du courtier Gekko Markets.
De fait vendredi, après la publication de l'Ifo, l'indice Dax de la Bourse de Francfort battait un nouveau record en séance depuis cinq ans, évoluant autour de 7.844 points à 13H12 GMT.
Moteur pour la zone euro
"L'Allemagne tourne le dos à sa terne performance" du quatrième trimestre 2012 - où son produit intérieur brut a reculé de 0,5% selon un chiffre provisoire - et le pays "est en bonne voie pour redevenir le moteur (économique) de l'Europe", a ajouté Mme Paluch.
L'Allemagne a toutes les chances de repartir du bon pied, grâce à ses "bons fondamentaux économiques, comme un secteur d'exportation hautement compétitif, des politiques budgétaires saines et un marché du travail robuste", selon l'économiste de la banque Berenberg Christian Schulz.
A terme, une "nouvelle période de croissance prolongée" devrait "aussi aider ses partenaires de la zone euro à s'en sortir", a-t-il lui aussi estimé.
Le dynamisme d'outre-Rhin arriverait ainsi à point nommé pour l'Italie et l'Espagne en récession, et aussi pour la France, dont la situation économique se dégrade, avec notamment des plongeons de l'activité du secteur privé et du moral des industriels français en janvier.
"La dissipation des incertitudes liée au reflux de la crise de la dette souveraine va relancer les investissements des entreprises" allemandes, a assuré Jörg Krämer, chef économiste de Commerzbank, ce qui pourrait entraîner davantage de commandes pour ses voisins également.
L'an dernier, devant la montée des incertitudes, les investissements ont fortement reculé en Allemagne, en particulier dans les biens d'équipement (-4,4%), selon des chiffres publiés mi-janvier par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Cela a considérablement pesé sur le ralentissement de la croissance annuelle du pays, à 0,7% contre 3% en 2011.
Reste à savoir si la consommation des ménages en Allemagne, également d'importance cruciale pour ses partenaires européens, va accélérer cette année après avoir augmenté de 0,8% en 2012. Le baromètre GfK du moral des consommateurs pourrait livrer mardi de premiers éléments de réponse.