PARIS (Reuters) - Les organisations de médecins et d'étudiants en médecine espèrent réunir 20.000 personnes dimanche à Paris à l'occasion d'une grande manifestation unitaire contre le projet de loi santé qui prévoit, notamment, la généralisation du tiers payant.
Les médecins sont vent debout depuis des mois contre le projet qui, selon eux, n'apporte pas les réponses nécessaires pour préserver le système de santé français -réduire la place de l'hôpital, mieux former les médecins et rationaliser les parcours de soins.
"Si on a 20.000 personnes dans la rue dimanche, on aura déjà, je crois, réussi quelque chose de grand", a déclaré jeudi Sébastien Foucher, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France, lors d'une conférence de presse aux côtés des syndicats de médecins et internes.
"Est-ce qu'on sera plus? Peut-être. Tout le monde a des remontées de régions qui disent que le mouvement va être suivi à la fois parce qu'il y a opposition au projet de loi et puis il y a un malaise" sur la méthode, a-t-il ajouté.
Leur opposition se cristallise sur la généralisation du tiers payant, qui permet aux patients de pas avancer d'argent lors d'une consultation et que la ministre de la Santé Marisol Touraine a promis de généraliser d'ici fin 2017.
Le monde de la santé dit redouter une surcharge de tâches administratives qui nuirait à la mission médicale. "Nous voulons que la totalité des moyens disponibles soient utilisés à soigner la population et pas à administrer la santé", a dit Claude Leicher, président du syndicat MG France.
"On est aujourd'hui à 600 régimes complémentaires, 25 régimes obligatoires, opérés par 86 organismes différents (...) Nous ne ferons pas ce tiers payant compliqué. Si le système était simple (...) je pense que les médecins le prendraient."
Marisol Touraine, dont la mesure est populaire parmi les Français selon les sondages, a tenté d'apporter un début de réponse lundi en promettant une "garantie de paiement" pour les médecins qui adopteront le tiers payant.
Mais les organisations de médecins s'opposent au texte en bloc et la majorité en espère une réécriture, notamment grâce à des amendements transmis aux parlementaires, les autres réclamant son retrait pur et simple.
Ils estiment que le texte ne définit pas la "stratégie de santé" nécessaire pour relancer un système exsangue et dont le déficit pour 2014 devrait atteindre 11,7 milliards d'euros, contre 9,6 milliards prévus au départ.
Ils plaident pour davantage de "médecine ambulatoire", c'est-à-dire sans hospitalisation ou avec une hospitalisation très courte, et davantage de moyens pour l'organiser.
(Gregory Blachier, édité par Yves Clarisse)