PARIS (Reuters) - Les Français jugent que l'euro est un handicap mais ne veulent pas en sortir, disent vouloir moins d'intégration européenne mais sont favorables à l'élection d'un président de l'Europe au suffrage universel, à la création d'un armée européenne et à l'appartenance de la France à l'Union.
Telles sont quelques-unes des contradictions révélées par un sondage de l'Ifop que Le Figaro publie vendredi, dix ans après le "non" des Français au référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne. Un "non" qui a retardé la construction européenne et pèse encore sur la politique française.
Sur 1.008 personnes interrogées du 22 au 27 mai, 62% jugent que l'appartenance de la France à l'Union européenne est plutôt une bonne chose, une proportion à peu près stable depuis 2010.
Elles sont 71% à se dire favorables à la création d'une armée européenne, 60% à l'élection d'un président de l'Europe au suffrage universel et 59% à la création d'un poste de ministre européen de l'Economie et des Finances.
Pourtant, 62% des sondés disent souhaiter moins d'intégration européenne contre 38% d'un avis contraire, et 47% estiment que l'euro a été un handicap au cours de ces cinq dernières années de crise, contre 28% pour lesquels la monnaie unique a été un atout.
Ce qui n'empêche pas 71% des personnes interrogées de se prononcer contre une sortie de la France de l'euro, soit neuf points de plus qu'en janvier 2014, contre 29% pour.
Ils sont par ailleurs très majoritairement favorables (64%) à l'exclusion de la Grèce de la zone euro si elle arrête de rembourser sa dette, soit six points de plus qu'en février.
Enfin, en matière d'immigration, 60% des sondés sont pour une remise en cause des accords de Schengen sur la liberté de circulation, soit un point de plus qu'il y a un an, contre 40% qui y sont opposés.
Au total, 62% des sondés qui avaient l'âge de voter en 2005 et expriment une opinion diraient aujourd'hui "non" au référendum de ratification de la Constitution européenne, soit sept points de plus qu'il y a dix ans, contre 38% de "oui" (-7 points).
Sur l'ensemble de l'échantillon, 24% n'expriment pas d'opinion et disent ne pas savoir ce que serait leur attitude.
Le directeur du département Opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet, tire des résultats de cette étude la conclusion que les fractures entre la France du "oui" et celle du "non" sont "toujours là (...) et encore plus importantes" qu'en 2005.
"C'est la conséquence de la crise de résultats de l'Europe en matière d'économie et de sécurité. C'est le soubassement de la dynamique du Front national", estime cet analyste, selon qui les classes moyennes se rangent presque majoritairement désormais dans le camp du "non", avec les classes populaires.
(Emmanuel Jarry)