PARIS (Reuters) - Le parquet de Créteil (Val-de-Marne) a ouvert le 20 mai une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics aggravé visant l'ex-présidente de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) Agnès Saal après des révélations sur ses frais de taxi, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
L'ouverture de cette enquête fait suite à la réception par le parquet, le 19 mai dernier, d'une note d'un commissaire aux comptes de l'Ina sur ces faits, a-t-on précisé.
Elle précède toutefois la dénonciation de ces faits par la ministre de la Culture Fleur Pellerin, annoncée mardi dans Le Parisien, a-t-on ajouté.
"Cette enquête vise à déterminer si les dépenses engagées avec la société (de taxi, NDLR) G7 ont un lien ou non avec l'activité professionnelle de Madame Saal", dit la source judiciaire.
Elle a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique et les faits seraient aggravés par leur commission par un agent public, indique-t-elle.
L'association de lutte contre la corruption Anticor a également déposé une plainte contre X auprès du parquet de Créteil, compétent dans cette affaire puisque le siège social de l'Ina se situe à Bry-sur-Marne.
La plainte d'Anticor vise également des faits attribués au prédécesseur d'Agnès Saal à la tête de l'Ina, Mathieu Gallet. Selon le Canard enchaîné, celui-ci s'est vu reprocher des "irrégularités" dans la conclusion de plusieurs contrats entre 2010 et 2014 par le Contrôle général économique et financier, un service de Bercy.
En l'absence de dénonciation officielle, l'enquête diligentée par le parquet de Créteil ne vise toutefois pas ces faits à ce stade, précise la source judiciaire.
Selon Le Figaro, qui a révélé l'affaire en avril, Agnès Saal, poussée à la démission, aurait dépensé près de 41.000 euros en notes de taxis en dix mois, dont plusieurs milliers d'euros pour son fils.
Dans l'attente des résultats d'une enquête administrative parallèle à l'enquête judiciaire, Agnès Saal a été réintégrée dans les services du ministère de la Culture, une décision qui a suscité l'incompréhension.
"Dans un Etat de droit, une enquête administrative est nécessaire avant de prendre une sanction", souligne Fleur Pellerin mardi dans Le Parisien. "C'est sur la base de cette enquête qu'un conseil de discipline sera convoqué. Il rendra un avis. Sur cette base, je prendrai mes responsabilités et je proposerai une décision."
L'Ina est financé à hauteur de 90 millions d'euros par an environ par des fonds publics, pour un budget total de 131 millions d'euros.
(Marine Pennetier et Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)