PARIS (Reuters) - Des voix se sont élevées mercredi pour demander aux Etats-Unis qu'ils s'engagent à ne plus écouter de chefs d'Etat français, après des révélations de presse selon lesquelles les présidents Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont été écoutés par le renseignement américain de 2006 à 2012.
Un conseil de défense doit se réunir ce mercredi matin à l'Elysée afin d'évoquer cette affaire, révélée mardi soir par Libération et Médiapart, qui citent des documents de Wikileaks.
Le ministère des Affaires étrangères s'est jusque-là refusé à tout commentaire mais Laurent Fabius devrait s'exprimer à la sortie du conseil des ministres.
"Ce sont des révélations qui font peur, qui nécessitent des explications de la part des Etats-Unis et puis des garanties sur le fait que ça ne se reproduise plus", a déclaré la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, sur France 2.
Claude Guéant, ancien secrétaire général de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, qui aurait lui aussi été écouté, a jugé cette affaire particulièrement "choquante et regrettable".
"Compte tenu des relations extrêmement proches que nous avons avec les Etats-Unis, compte tenu que nous sommes des alliés extrêmement fidèles, et bien je trouve qu'il y a là une rupture du pacte de confiance", a-t-il dit sur RTL.
"La France doit (...) réagir à l'égard des Etats-Unis, dire son indignation, dire son insatisfaction, dire que ça ne se fait pas entre alliés proches", a-t-il ajouté.
"Il faut demander aux Etats-Unis une position, il faut que les Etats-Unis s'engagent, preuve à l'appui, à ne plus pratiquer de cette façon à l'égard de leurs alliés", a conclu Claude Guéant, estimant toutefois que "les relations géostratégiques entre la France et les Etats-Unis ne (devaient) pas être entachées par ce scandale".
Sur France Info, le ministre du Travail François Rebsamen a évoqué des informations "graves" et des pratiques "anormales".
"Il faut examiner tout cela. Entre amis, on ne fait pas cela", a-t-il dit.
(Chine Labbé, édité par Tangi Salaün)