par Thomas Atkins
FRANCFORT (Reuters) - John Cryan, le nouveau président du directoire de Deutsche Bank, ne présentera aucun projet de réforme radicale des structures et du périmètre du groupe lors du séminaire du conseil de surveillance ce week-end, mais il devrait proposer d'accélérer la mise en oeuvre des projets déjà en cours.
Les 19 membres du conseil de surveillance sont réunis depuis jeudi et pour trois jours à Tegernsee, une petite ville de Bavière, lieu de villégiature apprécié des dirigeants d'entreprise allemands.
Les marges de manoeuvre de John Cryan sont limitées par de multiples facteurs incluant le coût de divers litiges en cours et les turbulences sur les marchés asiatiques.
Il devrait donc choisir d'accélérer la mise en oeuvre de la stratégie déjà amorcée combinant réorientation géographique et réduction du bilan tout en évitant de lourdes charges exceptionnelles, montrent les discussions qu'a eues Reuters avec plusieurs sources avant le séminaire.
Un choix plus radical incluant la liquidation d'importantes positions prises par la banque sur le marché des dérivés, qui mobilisent une part importante des fonds propres de l'activité de banque d'investissement, aurait en effet un double inconvénient: il risquerait de se solder par de lourdes pertes comptables et d'amputer les bonus d'une partie des dirigeants du groupe, ce qui ne manquerait pas de les dresser contre Cryan alors qu'il a besoin de leur soutien.
John Cryan n'entend pas pour autant remettre en cause l'élan des réformes et il devrait opter pour une accélération des cessions d'actifs jugés non-stratégiques.
"Il ne peut pas réinventer la banque, mais il peut l'optimiser", estime un ex-collègue du président du directoire. "Il ne serait pas là où il est aujourd'hui s'il était lâche."
SIMPLIFIER LA PRISE DE DÉCISION
John Cryan a été désigné début juin pour succéder à la présidence du directoire au duo formé par Anshu Jain et Jürgen Fitschen, après une réorganisation de la direction qui avait déçu certains actionnaires.
Affaibli ces dernières années par une série de scandales et d'amendes, le numéro un allemand du secteur bancaire est aujourd'hui la grande banque internationale la moins bien valorisée, sa capitalisation boursière représentant environ 0,5 fois sa valeur comptable.
Une réforme radicale étant écartée, John Cryan devrait être en mesure de réduire la dimension globale de la banque pour se concentrer sur l'Europe, les Etats-Unis et l'Asie.
Ce choix permettrait à Deutsche Bank de conserver ses activités de banque de détail en Italie et en Espagne mais conduirait sans doute à la vente des filiales en Amérique du Sud et en Afrique et de certaines activités en Asie ou en Russie.
L'un des sujets les plus délicats encore en discussion est celui de la refonte de la gouvernance du groupe, un domaine sur lequel le conseil de surveillance a son mot à dire.
John Cryan souhaite simplifier le processus de prise de décision et réduire le poids de la bureaucratie, ce qui pourrait conduire à la suppression du comité exécutif, dont certains membres rejoindraient le directoire tandis que le cercle des directeurs exécutifs serait élargi.
Le conseil de surveillance, dont John Cryan faisait partie avant sa nomination à la tête du directoire, dispose d'un droit de veto sur la stratégie.
Un porte-parole de Deutsche Bank s'est refusé à tout commentaire sur le séminaire de Tegernsee mais a déclaré que le plan stratégique devrait être présenté en détail d'ici la fin octobre.
Le groupe doit publier le 28 octobre ses comptes du troisième trimestre.
(avec Andreas Kroener et Arno Schuetze; Marc Angrand pour le service français)