Combien de chômeurs à fin novembre ? Le gouvernement publie en cette veille de Noël les statistiques de Pôle emploi, les dernières d'une sombre année pour le chômage avant l'annonce de nouvelles mesures par François Hollande, qui promet de "tout essayer".
Difficile d'anticiper une hausse ou une baisse, le nombre d'inscrits à Pôle emploi ayant connu de fortes variations ces derniers mois.
A fin octobre, il avait grimpé: 42.000 demandeurs d'emploi supplémentaires sans aucune activité (catégorie A) avaient franchi la porte d'une agence Pôle emploi, soit la plus forte augmentation depuis 2013, pour atteindre un niveau record de 3,59 millions de chômeurs (+3,7% sur un an). Une douche froide pour le gouvernement, alors qu'en septembre, le nombre de chômeurs avait connu... sa plus importante baisse depuis la crise, fin 2007.
La volatilité de ces chiffres est d'autant plus forte que les créations d'emploi sont pour beaucoup des contrats courts (CDD, intérim), au terme desquels des personnes inscrites en catégorie B et C (activité réduite) retournent en catégorie A.
Le taux de chômage de l'Insee, mesuré selon les critères du Bureau international du travail (BIT), a atteint de son côté un sommet au troisième trimestre, à 10,2% de la population active en métropole, du jamais-vu depuis 1997.
Aux élections régionales de décembre, le chômage a été le premier facteur de vote. Et la poussée record du Front national a fait l'effet d'un électrochoc pour l'exécutif.
François Hollande, qui a jusqu'ici échoué à inverser la courbe du chômage, a promis de "tout" essayer. "Tout et partout", a-t-il dit devant les lauréats d'un concours baptisé "La France s'engage".
Le chef de l’État a même tendu la main à l'opposition sur ce thème, assurant rechercher la "concorde" nationale.
- 'Pacte républicain' -
L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (Les Républicains) avait défendu quelques jours plus tôt l'idée d'un "pacte républicain" contre le chômage, pour éviter une victoire du parti de Marine Le Pen en 2017.
Sa proposition a été critiquée dans les rangs de la droite, mais aussi par la CGT, qui parle de "fumisterie". Jean-Mailly, leader de FO, s'est dit jeudi "plus que prudent" car un "pacte national droite-gauche-patronat" pourrait selon lui "conduire à accentuer les mesures libérales".
L'idée a en revanche décroché le soutien du Medef et de Manuel Valls.
Le Premier ministre a promis pour janvier de nouvelles mesures, dont un plan "massif" de formation des chômeurs - après les 150.000 formations prioritaires déjà annoncées en octobre.
Il souhaite également "mettre le paquet" sur l'apprentissage, en nette perte de vitesse malgré les tentatives pour le relancer depuis mi-2014 via un nouveau régime d'aide aux entreprises.
Ces mesures, dont le président de la République pourrait présenter les grandes lignes lors de ses vœux aux acteurs économiques et sociaux, le 18 janvier, viendront s'ajouter à la réforme du Code du travail - annoncée comme une "révolution".
Son premier volet sur le temps de travail, qui doit être présenté en février-mars 2016 par la ministre Myriam El Khomri, vise à donner plus de souplesse aux entreprises, améliorer leur compétitivité et, in fine, l'emploi.
A plus court terme, l'exécutif table sur le nouvel élan de la croissance attendu en 2016 pour voir enfin une inversion de la courbe: après un fléchissement au quatrième trimestre 2015, l'activité économique française devrait enregistrer une croissance de 0,4% au premier comme au deuxième trimestre, selon les dernières prévisions de l'Insee.
En incluant l'emploi non marchand, l'agriculture et les indépendants, 73.000 emplois seraient créés: de quoi faire légèrement reculer le chômage d'ici la mi-2016, à 10,0% en métropole.
Une telle baisse, bien que minime, conforterait François Hollande, qui a souvent conditionné sa candidature à une second mandat en 2017 à une baisse "crédible" du chômage en 2016.