Air France a convoqué le 15 janvier un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire pour discuter d'un "projet de croissance", a-t-on appris jeudi de sources concordantes, laissant augurer un changement de perspectives après plusieurs mois de tensions sociales.
Ce CCE, dont l'ordre du jour vise une "information sur la situation de l'entreprise, ses perspectives et son projet de développement", sera l'occasion de "reprendre le dialogue social dans un esprit positif dès le début de l'année 2016 pour évoquer les perspectives et retrouver une stratégie de conquête", sur la base d'un "projet de croissance ambitieux", explique-t-on à Air France.
Le 5 octobre, Air France avait présenté au CCE un plan "d'attrition", c'est-à-dire de réduction d'activité, menaçant jusqu'à 3.000 postes sur 2016-2017, déclenchant une tempête sociale. Au cours de débordements, deux dirigeants avaient été molestés et leurs chemises arrachées.
La direction pourrait le 15 janvier "proposer d'abandonner la deuxième phase du plan B de pure attrition" qu'elle avait présenté à l'automne pour "revenir au plan A de croissance et de développement" mais sans renoncer "aux efforts de productivité et de restructuration" demandés, a expliqué à l'AFP Ronald Noirot, délégué CFE-CGC, à l'issue d'une entrevue avec le nouveau DRH d'Air France Gilles Gateau.
Si les mesures de réduction de voilure sont actées pour 2016, avec un millier de départs à la clef, la direction répète depuis octobre qu'elle renoncera à réduire son activité et à supprimer 2.000 postes supplémentaires en 2017, en cas d'accord avec ses pilotes sur de nouvelles mesures de productivité.
Lors de son entretien avec Gilles Gateau, ex-conseiller social de Manuel Valls, le syndicaliste dit avoir senti "une volonté de débloquer le dialogue social".
Après le CCE d'octobre, les sanctions disciplinaires prises contre 18 salariés, dont cinq vont jusqu'au licenciement, avaient mis en ébullition les organisations syndicales.
Depuis, l'amélioration des perspectives financières s'est confirmée - le groupe finira 2015 dans le vert - et l'arrivée d'un nouveau DRH ont visiblement favorisé une reprise du dialogue, notamment avec le SNPL, principal syndicat de pilotes.
"Les portes s'entrouvrent, vont-elles s'ouvrir complètement ou se refermer sur nos doigts? On a l'impression que l'écoute est meilleure et qu'on a laissé de côté des principes un peu dogmatiques pour aller vers une vision plus d'avenir", estime Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL.
"Si effectivement le gouvernement participe à rétablir un environnement concurrentiel équilibré et que la compagnie nous propose d'aller chercher la croissance, les pilotes accompagneront le mouvement en faisant des efforts", assure-t-il, à la veille d'une nouvelle réunion de l'intersyndicale formée contre le plan de restructuration et les poursuites visant une vingtaine de salariés après les débordements du 5 octobre.
Derniers salariés visés par des sanctions, deux pilotes, mis à pied avec solde depuis mi-octobre, comparaissaient jeudi en conseil de discipline. De source proche des pilotes, une sanction de 15 jours de mise à pied sans salaire a été retenue contre le premier pilote ayant comparu dans la matinée et elle sera soumise à la direction, qui notifiera sa décision sous une dizaine de jours.