Marseille (Reuters) - Bernard Cazeneuve a assuré jeudi la communauté juive que les autorités françaises maintiendraient un niveau élevé de protection devant ses écoles, synagogues et institutions après l'agression d'un enseignant juif à Marseille.
"Rien ne nous autorise à baisser le niveau de vigilance qui est le nôtre", a dit le ministre de l'Intérieur à l'issue d'une visite à la grande synagogue de Marseille, où il a rencontré la victime de cette agression antisémite.
"Je ne veux pas que les Français qui ont fait le choix de la religion puissent avoir peur en France", a-t-il ajouté.
"C'est la raison pour laquelle, en tant que ministre de l'Intérieur, je veux garantir au nom de la laïcité et de la République un très haut niveau de protection", a t-il ajouté, faisant état de 15.000 policiers et gendarmes déployés pour protéger les lieux de culte, écoles et institutions, notamment de la communauté juive.
Il a rappelé le léger déclin des actes antisémites en 2015, de près de 2%. Quatre juifs ont été assassinés par Amedy Coulibaly en janvier 2015 dans une supérette casher près de Paris, en liaison avec l'attentat contre Charlie Hebdo.
La communauté juive de Marseille, qui compte entre 75.000 et 80.000 membres, est la troisième en Europe derrière celles de Paris et Londres, a rappelé Zvi Ammar, le président du Consistoire juif de la ville, présent jeudi aux côtés de Bernard Cazeneuve.
Zvi Ammar avait déclenché mardi un vif débat en appelant les juifs à "retirer provisoirement" leur kippa. "Ce n'est pas le port de la kippa qui pose problème, dix grammes qui ne doivent poser de problème à quiconque", a t-il précisé jeudi.
Les départs des juifs de France vers Israël sont en progression constante depuis 2013, a déclaré mercredi le directeur général de l'agence juive Daniel Benhaim.
L'auteur de l'agression sur un enseignant juif portant une kippa - un jeune Turc d'origine kurde - a été mis en examen mercredi. Il s'est revendiqué de l'Etat islamique.
Pour contrer la radicalisation d'individus isolés sur internet, le ministre de l'Intérieur a évoqué la fermeture administrative de tels sites, déjà possible, ainsi que la détection des données internet, encore en projet.
Pour Michèle Teboul, présidente du Crif Marseille-Provence, "le mal est sur internet, c'est là qu'on doit aller l'éradiquer, on ne peut pas mettre un gendarme ou un policier derrière chaque juif dans la rue, on ne peut pas bunkeriser nos lieux de culte et nos écoles plus qu'ils ne le sont".
(Jean-François Rosnoblet, avec Julie Carriat à Paris, édité par Yves Clarisse)