Après des polémiques en série et un gel en 2015, les tarifs autoroutiers augmenteront de 1,12% en moyenne au 1er février, dans la logique des accords entre l'Etat et les sociétés concessionnaires.
Cette hausse s'explique en majorité par l'augmentation de la redevance domaniale, le "loyer" payé par les entreprises concessionnaires d'autoroutes (SCA) à l'Etat pour l'occupation du domaine public, ont souligné mardi l'association 40 Millions d'automobilistes et une source proche du dossier.
Selon Pierre Chasseray, délégué général de l'association, ce pourcentage de hausse, fruit d'un accord entre l'Etat et les SCA, a été annoncé au Comité des usagers du réseau routier national dont il est membre.
"Ce que je trouve totalement inacceptable, c'est que finalement on a eu une impression de bras de fer entre l'Etat et les sociétés d'autoroutes l'année dernière, qui s'était conclu par le gel des tarifs des péages", a déclaré M. Chasseray à l'AFP.
"On avait la sensation que la ministre [de l'Ecologie Ségolène] Royal tenait ses engagements de gels de tarifs et au final on se rend bien compte que c'est du vent", s'est-il indigné, promettant de relancer une pétition de son association contre ces hausses.
"On paye le gel de l'année passée, et on paie aussi la hausse de la taxe domaniale, l'Etat a augmenté le loyer des sociétés d'autoroutes, les sociétés d'autoroutes ont tout répercuté sur les automobilistes", a encore indiqué M. Chasseray.
Une source proche du dossier a confirmé la hausse de 1,12% et souligné qu'elle était "strictement conforme" à l'accord global signé entre l'Etat et les SCA en avril 2015, notamment un plan de relance autoroutier de 3,2 milliards d'euros, en échange d'un allongement moyen de deux ans de la durée des concessions, qui expirent pour la plupart au début des années 2030.
- Crise en 2014-2015 -
De même source, cet accord comprenait "une trajectoire tarifaire pour les huit années à venir qui incluait la compensation de la hausse de la redevance domaniale", versée à l'Agence de financement des infrastructures de transport en France (Afitf).
Les SCA contribuent à hauteur de 900 millions d'euros au budget annuel de cette agence, a-t-elle fait valoir.
Il avait de fait été convenu d'un rattrapage lissé sur plusieurs années du gel des tarifs imposé en 2015. Les hausses diffèreront selon les réseaux, gérés par des sociétés émanant pour la plus part de grands groupes de bâtiments ou de travaux publics.
En décembre, alors que le pourcentage de hausse présenté par les services de l'Etat au comité des usagers avait été dévoilé par Les Echos, Ségolène Royal avait "exclu" une hausse supérieure à l'inflation, avant de convenir, début janvier, que cette hausse figurait bien "dans la convention de l'arbitrage" d'avril.
Le bras de fer entre l'Etat et les concessionnaires avait été engagé à l'automne 2014, après un rapport de l'Autorité de la concurrence qui faisait état d'une situation de "rente" pour ces sociétés depuis la privatisation de 2006. Les SCA affirmaient que leur rentabilité ne devait pas être calculée sur une année, mais sur toute la durée de la concession.
Au plus fort de la crise, une résiliation pure et simple des contrats de concession avait été évoquée par une partie de la représentation nationale dont Mme Royal, mais cette piste n'avait pas été suivie par le gouvernement.