BORDEAUX (Reuters) - Les investitures dévoilées lundi par République En Marche (LaRem) en vue des élections municipales installent une équation inédite à Bordeaux en plaçant Thomas Cazenave face au successeur d'Alain Juppé, Nicolas Florian (LR), lui-même soutenu localement par le MoDem, membre de la majorité présidentielle.
En s'asseyant au mois de mars dans le fauteuil de maire de l'ancien Premier ministre, parti au Conseil constitutionnel, Nicolas Florian avait renforcé l'accord qui liait localement Les Républicains et le MoDem en prenant comme premier adjoint Fabien Robert, président pour la Gironde du parti de François Bayrou.
En adoubant Thomas Cazenave, actuel délégué interministériel en charge de la réforme de l'Etat, le parti présidentiel tente de ravir une métropole de 250.000 habitants, symbole de modération politique et a priori "Macron compatible".
Ceux qui espéraient une alliance entre les Républicains modérés, héritiers d'Alain Juppé, LaRem, le MoDem et l'UDI en sont pour leurs frais.
Bordelais de naissance, Thomas Cazenave sait à la fois reconnaître les mérites d'Alain Juppé pour sa ville et se démarquer de l'ancien locataire de Matignon.
"Après 25 ans de transformation réussie, les Bordelaises et les Bordelais ont besoin d'une nouvelle ambition, d'un nouveau souffle, d'un nouveau projet", a-t-il déclaré mardi sur France Inter. "Et je crois que c'est sur notre capacité à proposer un projet progressiste qui allie transition écologique et transition sociale qu'on arrivera à convaincre de nous rejoindre et de remporter cette élection".
Haut fonctionnaire de 41 ans, Thomas Cazenave affirme aussi ne pas partager "un certain nombre de valeurs, un certain nombre de visions" avec Nicolas Florian.
Fabien Robert, premier adjoint de Nicolas Florian et président du MoDem Gironde, dédramatise l'événement.
"La République en marche est notre allié, mais nous n'avons pas d'allié exclusif. Nous concluons des alliances sur projet", a-t-il dit à Reuters en écho à François Bayrou.
A ses yeux, si LaRem et MoDem ne sont "pas tout à fait alignés" dans certaines grandes villes, cela "n'empêchera pas de continuer à porter un projet cohérent au niveau national."
Un sondage réalisé en mai par l'Ifop donnait Nicolas Florian en tête au premier tour avec 45% des voix devant le conseiller municipal Europe Ecologie-Les Verts Pierre Hurmic, à 14%. Thomas Cazenave récoltait alors 8% des intentions de vote.
(Claude Canellas, édité par Elizabeth Pineau)