par Se Young Lee
SÉOUL (Reuters) - La catastrophe industrielle du Galaxy Note 7 pourrait coûter à Samsung Electronics (KS:005930) jusqu'à 17 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros), le géant sud-coréen ayant dû rappeler pour la seconde fois ce téléphone mobile haut de gamme avant de se résoudre à le retirer définitivement de la vente.
Lancé cet été en Asie et aux Etats-Unis, où il était vendu 882 dollars pièce, le Galaxy Note 7 avait fait l'objet début septembre d'un premier rappel portant alors sur 2,5 millions d'appareils.
L'arrêt définitif de la commercialisation représente la vente perdue d'environ 19 millions de téléphones, soit environ 17 milliards de dollars de chiffre d'affaires selon les calculs de Credit Suisse. Ce chiffre correspond aux ventes que Samsung pouvait espérer réaliser durant le cycle de production du Note 7, qui n'aura pas eu le temps d'être lancé en Europe.
Jusqu'à présent les analystes s'attendaient à une perte en termes de chiffres d'affaires de seulement cinq milliards de dollars, en comptant les ventes ratées et la première vague de rappels, dans l'espoir d'une reprise des ventes du Note 7 au quatrième trimestre.
Pour les analystes de Nomura, Samsung pourrait accuser une perte de chiffre d'affaires pouvant atteindre 1.600 milliards de wons (1,28 milliard d'euros) sur le seul quatrième trimestre dans l'hypothèse où il aurait produit environ quatre millions de Note 7.
Pour Samsung, dont la capitalisation boursière s'élève à 235 milliards de dollars et dont la trésorerie atteint 69 milliards de dollars, cette perte reste toutefois surmontable.
Le vrai problème pour le groupe sud-coréen sera l'impact sur le long terme de cet échec pour sa réputation et son image de marque ternies, soulignent analystes et experts.
"Nous pensons que l'incident du Note 7 pourrait également affecter la demande pour les autres modèles de Samsung", écrivent les analystes de Nomura dans une note, ajoutant que le retrait du produit pourrait les amener à réduire de jusqu'à 85% leur estimation de bénéfice pour la division mobile du sud-coréen au quatrième trimestre.
"La gamme (Note 7) va être à jamais ternie et le danger est que la marque (Samsung) soit irrémédiablement endommagée aussi", juge Stephen Robb, associé au cabinet d'avocats britannique Weightmans.
"Ils doivent écrire à chaque consommateur pour s'excuser et proposer une forme de dédommagement... Ce sera clairement onéreux pour le groupe qui n'a pas d'autre choix s'il ne veut pas finir comme Nokia (HE:NOKIA) et Blackberry".
Samsung est également confronté à des actions en justice, avec la plainte d'au moins deux consommateurs aux Etats-Unis qui réclament des dommages et intérêts résultant d'un smartphone défectueux.
Le groupe sud-coréen a enregistré aux Etats-Unis 92 cas de surchauffe de la batterie de son appareil, dont 26 ayant causé des brûlures et 55 des dommages matériels, d'après l'annonce faite par le régulateur américain lors du rappel du 15 septembre.
Le Note 7 va également avoir un impact sur la division de composants de Samsung, une importante source de croissance et de revenus pour le groupe puisqu'elle produit des écrans et puces mémoire pour les smartphones.
La baisse du carnet de commandes suite au retrait du Note 7 pourrait affecter le chiffre d'affaires global et le prix des composants, ajoutent les analystes.
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BREAKINGVIEWS-Samsung's Note 7 was not worth saving [nL4N1CH2QN]
(avec Nataly Pak; Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)