PARIS (Reuters) - François Villeroy de Galhau a appelé lundi à "garder la tête froide" face aux effets de l'épidémie de coronavirus, jugeant que la politique monétaire déjà très accommodante des banques centrales était "adaptée".
"Nous allons continuer à suivre d'extrêmement près les développements économiques", a dit le gouverneur de la Banque de France sur BFM Business.
"S'il fallait faire davantage et que nous avions la conviction que c'est efficace, nous pourrions le faire, mais nous n'en sommes pas encore là", a-t-il ajouté, soulignant au passage que "les médecins sont aujourd'hui plus importants que les banquiers centraux".
"Nous devons avoir les yeux grand ouverts sur ce qui se passe mais nous devons en même temps garder la tête froide", a-t-il dit, réfutant tout parallèle avec la crise financière de 2008.
"Est-ce que ça ressemble à la crise de 2008 ? Non. Parce qu'en 2008 il y avait un phénomène de perte de confiance dans certains acteurs financiers - c'était Lehman Brothers - ou dans certains actifs financiers - c'était les subprimes. Cette perte de confiance donne à son tour une crise bancaire qui entraîne une crise économique.
"Aujourd'hui on a une situation très différente, on a une épidémie qui se répand (...) cette épidémie donne des craintes économiques mais nous n'avons pas encore aujourd'hui de chiffre et tout va dépendre de la durée du phénomène et de sa géographie", a-t-il expliqué.
La Banque centrale européenne fera connaître le 12 mars prochain ses nouvelles prévisions pour la zone euro puis, pour la France, le 23 mars.
UN EFFET SUR L'OFFRE
Alors que les marchés boursiers ont vécu une semaine noire la semaine dernière, François Villeroy de Galhau a appelé à une "analyse rationnelle" des phénomènes de transmission économique.
Le coronavirus, a-t-il dit, a un effet négatif et a priori temporaire sur l'économie mais "l'ampleur de l'effet dépend énormément de la durée de l'épidémie".
Pour l'heure, la crise de santé publique a d'abord un effet sur l'offre, c'est-à-dire sur la capacité de production en Chine et d'ailleurs. "Plus cet effet sur l'offre se prolonge, plus ça devient aussi un effet sur la demande", a-t-il poursuivi, soulignant que c'était vrai déjà pour certains secteurs comme le tourisme ou les transports pour lesquels des actions ciblées sont en place.
"C'est cette transmission à la demande que nous suivons de plus près parce que la politique monétaire, et de façon générale les stimulus économiques, sont efficaces pour soutenir la demande beaucoup plus que pour corriger l'offre."
"Cette question de durée, a-t-il insisté, est absolument clef sur la transmission économique de la capacité de production vers la volonté de consommation."
"Nous sommes vigilants, nous sommes mobilisés mais nous restons calmes et proportionnés dans les réponses qu'il faut apporter", a poursuivi le banquier central.
(Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault)