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Brésil: le scandale Petrobras prend une nouvelle dimension

Publié le 15/03/2017 06:39
Siège de Petrobras à Rio, le 22 juin 2010 (Photo VANDERLEI ALMEIDA. AFP)

Siège de Petrobras à Rio, le 22 juin 2010 (Photo VANDERLEI ALMEIDA. AFP)

L’étau s'est resserré mardi au Brésil autour des politiciens corrompus, avec la demande du procureur général Rodrigo Janot d'ouvrir 83 nouvelles enquêtes dans le cadre du scandale Petrobras.

Les noms des personnes citées dans la "liste Janot" n'ont pas été dévoilés officiellement, mais plusieurs médias locaux évoquent cinq ministres du gouvernement du président conservateur Michel Temer, ainsi que les présidents des deux chambres du parlement.

Parmi eux, le nouveau ministre des affaires étrangères, Aloysio Nunes, nommé au début du mois en lieu et place de José Serra, lui aussi mentionné.

La presse brésilienne cite aussi les deux derniers présidents de la République, Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), icône de la gauche, déjà inculpé dans plusieurs volets de l'enquête, et sa dauphine Dilma Rousseff (2011-2016), destituée l'an dernier après avoir été accusée de maquiller les comptes publics.

La requête du procureur général a été envoyée à la Cour Suprême (STF), sur la base des confessions explosives de 77 anciens cadres du géant du BTP Odebrecht ayant noué des accords avec la justice en échange de remises de peine.

Ce groupe est au coeur du vaste système de versement de pots-de-vins que les plus grandes entreprises du bâtiment du pays avaient monté pour obtenir des marchés surfacturés.

Quelque six milliards de réais (près de deux milliards de dollars) de Petrobras ont été détournés, alimentant entre autres les caisses noires de partis politiques et d'élus de tous bords.

Des dizaines de chefs d'entreprise et de politiciens sont déjà sous les verrous et la liste risque fort de s'allonger.

- "Triste réalité" -

Les révélations issues des confessions des cadres d'Odebrecht "révèlent les méandres de la corruption dans notre pays d'une façon jamais imaginée auparavant", a souligné Rodrigo Janot dans une lettre ouverte envoyée à tous les procureurs du pays.

"Ces révélations nous confrontent à la triste réalité d'une démocratie victime d'une attaque à grande échelle et souillée dans son essence par la corruption et les abus de pouvoir", a-t-il insisté.

En plus des 83 dossiers envoyés à la Cour suprême, seule habilitée à juger les ministres et parlementaires jouissant d'immunité, 211 autres demandes d'enquêtes ont été émises auprès d'autres instances.

Le contenu des confessions étant encore sous le sceau du secret judiciaire, que Rodrigo Janot a demandé de lever au nom de la "transparence" et de l'"intérêt public".

La décision revient à la cour suprême, qui pourra le rendre public dans les jours à venir. Elle aura aussi pour mission de juger si les demandes d'ouverture d'enquête du procureur général sont recevables ou non.

La diffusion de la "liste Janot" a tenu toute la classe politique en haleine pendant plusieurs semaines.

Alors que le géant d'Amérique est plongé dans la pire récession de son histoire, le président Michel Temer assure concentrer tous ses efforts sur la sortie de crise, mais la bombe à retardement des confessions d'Odebrecht menace de causer des dégâts considérables sur son entourage.

- Brasilia sous tension -

La vie parlementaire a été en effet rythmée ces derniers jours par des projets de réforme visant à obtenir l'amnistie de délits liés au financement des campagnes électorales, reléguant au second plan le problème épineux de la réforme des retraites, pourtant considérée comme fondamentale pour relancer l'économie.

M. Temer lui-même a été mentionné dans l'enquête, bien qu'il n'ait pas été officiellement mis en cause.

Selon une de ces confessions qui a fuité dans la presse, il aurait demandé à Odebrecht des millions de dollars pour financer les campagnes de son parti, le PMDB (centre-droit), en 2014, quand il était vice-président de Dilma Rousseff.

Le chef d'État nie toute implication et bénéficie de l'immunité présidentielle, mais ces accusations pourraient conduire à l'annulation de son mandat par la justice électorale, qui mène une enquête parallèle.

Même s'il se défend de "blinder" les membres de son gouvernement, le président a affirmé récemment que les ministres mentionnés dans l'enquête ne seront contraints à démissionner que s'ils sont formellement mis en examen.

Depuis que M. Temer est arrivé au pouvoir en 2016, six ministres liés au scandale de corruption Petrobras ont déjà quitté le navire et au moins cinq autres pourraient leur emboiter le pas.

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