Le Japon a dégagé en février un excédent commercial de 813,4 milliards de yens (6,7 milliards d'euros), au plus haut en sept ans, renouant avec un solde positif après le creux du mois de janvier.
Le surplus de février, en phase avec les attentes des économistes, correspond à une progression de 245% sur un an, a précisé le ministère des Finances qui souligne aussi la notable hausse des exportations grâce aux pièces d'automobiles, composants électroniques et appareils scientifiques.
Il s'agit du plus important excédent mensuel depuis mars 2010, quand le Japon avait affiché un solde positif de 931,9 milliards de yens.
Les expéditions de marchandises ont en effet augmenté en valeur de 11,3%, la plus forte hausse en deux ans, grâce à un bond de 28% en valeur en direction de la Chine qui a permis à l'archipel nippon d'enregistrer son premier surplus avec son voisin asiatique en cinq ans. Les exportations ont atteint au total 6.346,5 milliards de yens (52,45 milliards d'euros).
Vers les autres régions, la progression est beaucoup moins élevée (+3,3% vers l'Union européenne, +0,4% vers les Etats-Unis.
Dans le même temps, les importations n'ont affiché qu'une hausse de 1,2% en valeur (à 5.533,1 milliards de yens). Les arrivages en provenance de Chine ont diminué de près de 18%.
Si la facture des produits énergétiques (pétrole, gaz naturel) a augmenté du fait du renchérissement des cours des ressources naturelles, les achats à l'étranger de vêtements, accessoires et médicaments ont fortement reflué, a précisé le ministère en se basant sur les données des douanes.
Le Japon a recouvré un commerce extérieur globalement positif ces derniers temps (après le tunnel négatif lié aux conséquences de l'accident de Fukushima), mais a connu un accident de parcours en janvier, un fait assez habituel, en raison d'un ralentissement d'activité en Chine pour le Nouvel an local qui a cette fois occasionné un fort ralentissement de l'activité dans les derniers jours du mois.
"Le rebond de février reflète par conséquent surtout des facteurs saisonniers", a ainsi tempéré dans une note Marcel Thieliant de Capital Economics, tout en saluant néanmoins le regain des exportations en volume.
Les spécialistes de l'économie soulignent depuis plusieurs mois déjà que les exportations nippones sont en train de se requinquer à la faveur d'une embellie internationale, même si des coups de freins pourraient intervenir dans les prochains mois compte tenu des enjeux politiques en Europe (élections) et des incertitudes qui persistent sur la façon dont Donald Trump va lancer ses réformes aux Etats-Unis et mettre en oeuvre sa doctrine protectionniste.
"Toutes ces discussions autour de la montée du protectionnisme font du remue-ménage, mais pour l'instant il n'y a pas de menace concrète sur l'économie mondiale", a cependant relevé Takuji Okubo, économiste de Japan Macro Advisors, interrogé par l'agence Bloomberg News.
Pour le moment, le marché extérieur joue un rôle d'importance dans l'activité économique du Japon qui, à l'intérieur, souffre encore du manque d'allant des particuliers tentés d'épargner plus que de dépenser.
Les entreprises sont aussi assez précautionneuses, ce en dépit de la politique monétaire incitative mise en oeuvre depuis plus de quatre ans dans le cadre de la stratégie "abenomics" du Premier ministre Shinzo Abe. Celle-ci n'est pas parvenue à terrasser le mal le plus pernicieux dont souffre le Japon depuis deux décennies: la déflation.