Eurocopter, premier fabricant mondial d'hélicoptères civils, émerge confiant de la crise d'une industrie qu'il veut révolutionner avec les hélicoptères du futur, a annoncé mercredi son PDG.
Après deux années difficiles, la reprise est là. "Nous allons pour la première fois dépasser les cinq milliards d'euros de chiffre d'affaires cette année et nous comptons atteindre huit milliards fin 2015", a déclaré Lutz Bertling dans une interview à l'AFP et au magazine Challenges en marge du salon aéronautique de Langkawi, en Malaisie.
Née en 1992, Eurocopter, filiale du géant européen de l'aéronautique et de défense EADS emploie aujourd'hui 20.000 personnes et a plus que doublé ses ventes en dix ans, puisque son chiffre d'affaires était de 2 milliards en 2001.
Pour distancer ses concurrents --les américains Sikorsky et Boeing, l'italien AugustaWestland (Finmeccanica), et les Russes "qui vont revenir sur le marché"--, Eurocopter prépare une rupture technologique.
"Nous voulons changer la façon dont on pilote un hélicoptère", annonce M. Bertling. Actuellement, "un hélicoptère répond aux mains et aux pieds du pilote, à l'avenir celui-ci fera de la gestion de vol".
Le pilote suivra un "tunnel numérique", un tracé de lumières sur son écran, qui réduira le nombre de décisions qu'il doit prendre, a expliqué cet ingénieur allemand de 49 ans.
"L'objectif est d'augmenter la sécurité des vols d'hélicoptère, où 80% des accidents sont dus à des erreurs de pilotage", dit M. Bertling.
Les hélicoptères du futur auront une consommation en carburant réduite de 30% par rapport aux modèles actuels, le bruit aussi sera aussi réduit de 30%.
Le premier modèle, baptisé X4, sera le successeur du Dauphin, un hélicoptère "moyen" de moins de 5 tonnes capable d'emporter dix passagers. Il doit arriver sur le marché en 2017 et atteindre "sa configuration finale" avec toutes les technologies nouvelles, en 2020, prévoit M. Bertling.
Le champion européen, qui réalise 47% de ses ventes dans la défense, est optimiste malgré le ralentissement de l'économie mondiale, et les réductions des budgets militaires aux Etats-Unis et en Europe.
"Nous avons un très gros carnet de commandes, pas de signe d'une tendance aux annulations, et nous continuons à engranger des contrats", explique M. Bertling.
La difficulté est plutôt d'accélérer les chaînes de production pour répondre à la demande. Une compagnie pétrolière qui achète aujourd'hui un EC225, très utilisé pour desservir les plateformes de forage, devra ainsi attendre la fin 2015 pour être livré. "Mais jusqu'à présent ils préfèrent attendre qu'aller chez nos concurrents".
Pour surmonter la crise qui a frappé l'industrie de l'hélicoptère en 2010 et 2011, avec un temps de retard sur le cycle économique, Eurocopter a investi dans les services et accéléré son internationalisation.
Les services représentent 36% de ses activités et 42% de ses revenus, avant même le rachat de la société canadienne de maintenance Vector finalisé en juin dernier, dit le patron d'Eurocopter.
Le constructeur, qui dispose d'un réseau mondial de sous-traitants, a encore renforcé sa présence cette année au Brésil, aux Etats-Unis, au Mexique, au Kazakhstan, en Chine et en Malaisie.