La zone euro va encore traverser une zone de turbulences en 2013, marquée par une croissance en berne, des dérapages budgétaires et un chômage de masse, avant d'espérer une éclaircie, notamment en Grèce où l'austérité suscite une contestation de plus en plus vive.
Plus pessimiste qu'auparavant, Bruxelles a estimé mercredi dans ses prévisions économiques d'automne que la zone euro devrait sortir de récession en 2013 mais avec une croissance au point mort (+0,1%). Elle devrait renouer avec la croissance l'année suivante (+1,4%).
Avec cette croissance atone, la zone euro fera face en 2013 à un chômage s'approchant des 12%, un niveau record, et une dette publique à 94,5%.
"Les chiffres du chômage sont tragiquement élevés. La situation économique d'ensemble est faible et cela ne devrait pas changer dans un délai proche", a estimé à Francfort le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.
Pour le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, "l'Europe traverse une période difficile de rééquilibrage macroéconomique qui va encore durer un certain temps".
En conséquence, le Vieux continent doit, selon lui, "continuer à combiner des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles afin de créer les conditions qui permettront une croissance durable, capable de réduire le chômage par rapport aux niveaux élevés actuels, qui sont inacceptables".
Mais les réformes voulues par Bruxelles enfoncent de nombreux pays dans la récession et le chômage, particulièrement en Grèce, où les nouvelles mesures d'austérité demandées par les créanciers d'Athènes ne passent pas.
De nouvelles violences se sont produites mercredi à Athènes devant le Parlement grec, qui devait voter dans la soirée le nouveau train de rigueur indispensable pour le déblocage d'une tranche d'aide vitale pour le pays.
Selon la Commission, le taux de chômage devrait atteindre 24% l'an prochain en Grèce, et ne connaître qu'une très légère amélioration en 2014.
Les situations varient considérablement selon les pays au sein de la zone euro. L'Allemagne s'affiche comme le très bon élève, avec un équilibre de ses comptes publics attendu en 2014.
Si le pays se porte mieux que la plupart de ses voisins, son économie devrait cependant être ralentie par la crise en 2013 (+0,8%), ont prévenu mercredi les cinq "sages" qui conseillent le gouvernement allemand.
Forte de la relative bonne santé des finances allemandes, la chancelière Angela Merkel est venue défendre mercredi devant le Parlement européen sa vision d'une Union économique et monétaire renforcée, pour "corriger les erreurs de conception" de la zone euro.
Se donnant comme horizon les deux à trois prochaines années, elle a même évoqué un changement des traités.
Après la capitale européenne, la chancelière s'est rendue à Londres pour un "dîner de travail" avec le Premier ministre britannique David Cameron afin de tenter de dessiner un compromis pour résoudre le casse-tête du budget de l'UE.
D'après les estimations de la Commission, plusieurs pays risquent de multiplier les dérapages, comme l'Espagne qui ne va pas atteindre ses objectifs de réduction budgétaire en 2013 et en 2014 et restera en récession l'an prochain (-1,4%).
Le déficit budgétaire espagnol devrait atteindre 8% du PIB cette année, 6% en 2013 avant de remonter à 6,4% en 2014. Un camouflet pour le Premier ministre Mariano Rajoy qui avait promis de repasser sous la barre des 3% en 2014.
Autre pays en difficulté: la France qui devrait dévier de sa trajectoire budgétaire en 2013, mais aussi en 2014, avec un déficit public à 3,5% dans les deux cas, alors que Paris s'est engagé à le ramener à 3% l'an prochain. La croissance du PIB ne devrait pas dépasser 0,4% en 2013, deux fois moins que la prévision du gouvernement.
L'horizon ne devrait s'éclaircir pour l'Europe qu'en 2014. Tous les pays de la zone euro --y compris la Grèce-- devraient alors sortir de la récession. A l'exception de Chypre, qui attend jeudi la troïka des bailleurs de fonds (UE, FMI, BCE) pour conclure un accord sur le plan de sauvetage de son économie.