par Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Le chef d'état-major de l'armée de l'air française a dit avoir une "vision positive" de l'évolution de l'A400M, une position tranchant avec les tensions apparues entre le constructeur Airbus (PA:AIR) et l'Allemagne, l'autre client clé de l'avion de transport militaire européen aux multiples retards.
Le président de la République Emmanuel Macron arrivera ce lundi à bord d'un A400M pour inaugurer le salon aéronautique du Bourget, qui durera toute la semaine au nord de Paris.
Selon un rapport du ministère allemand de la Défense, auquel Reuters a eu accès début mai, Airbus pourrait avoir besoin de 12 à 18 mois supplémentaires pour résoudre les problèmes entamant l'efficacité opérationnelle de l'A400M.
L'avion géant a pâti en 2016 de difficultés liées à son moteur et l'absence des capacités tactiques prévues dans le contrat, comme le largage de parachutistes par les portes latérales, des équipements électroniques de défense et le ravitaillement en vol d'hélicoptères.
"J'estime que tout ça est désormais en partie derrière nous", a déclaré le général André Lanata, chef d'état-major de l'armée de l'air, à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) à l'occasion du salon du Bourget.
Il a jugé "parfaitement vivable" la solution palliative fournie pour la boîte de transmission du moteur en attendant la solution définitive à partir de la fin 2017.
Sur les 11 A400M dont elle dispose, l'armée de l'air en a six opérationnels aujourd'hui, ce qu'il a jugé "très satisfaisant", même si Paris a accepté de les réceptionner sans l'ensemble de leurs fonctionnalités contractuelles.
Un hélicoptère de transport NH90 peut être livré dans la journée à Gao (Mali) par un A400M, de retour en France le soir pour une autre mission, a-t-il observé, parlant de "changement d'échelle" pour le transport aérien militaire par rapport au Transall.
L'armée française attend 15 A400M d'ici 2019, fin de l'actuelle Loi de programmation militaire (LPM), la livraison des 35 derniers devant être redéfinie dans la LPM à venir du nouveau gouvernement.
"DÉFAUT DE JEUNESSE" HANDICAPANT
Le général Lanata a estimé qu'Airbus avait pris la mesure du retard de livraison des pleines capacités tactiques de l'A400M, voyant dans ce "défaut de jeunesse" de l'avion un inconvénient crucial pour les opérations de l'armée de l'air.
Certains A400M seront indisponibles le temps qu'Airbus les équipe des fonctionnalités prévues avant de revenir dans une flotte qui ne sera donc plus homogène.
"J'ai besoin d'une flotte qui est au même standard", a observé le général Lanata. "Il faut qu'un équipage qui monte dans un avion sache ce qu'il a entre les mains".
Selon un officiel de l'armée française, l'absence de capacités de défense électronique limite les capacités d'intervention de l'A400M dans des zones de guerre en raison des risques de brouillage des systèmes de communication de la part d'adversaires.
De même, seul le largage de parachutistes par les portes latérales de l'A400M permettrait un raid massif sur une zone au combat.
"On a signé un contrat et on a spécifié qu'on voulait ça et l'industriel qui a signé le contrat a certifié qu'il allait le faire", a dit l'officiel à des journalistes.
"Le début d'optimisme et de soutien affiché par la France, il ne faut pas que l'industriel le gâche parce qu'on voit bien la position allemande très dure à l'égard de ce programme", a-t-il ajouté.
(Edité par Dominique Rodriguez)