Le secteur bancaire de Saint-Marin, un ancien paradis fiscal, se trouve en "forte crise en termes de revenus, de patrimoine et de liquidité", a annoncé la Banque centrale de cette petite République dans une étude rendue publique mardi.
"En 2016, le système bancaire, avec un total d'activités supérieur à 5 milliards d'euros, se trouve en grande difficulté, également en raison d'un niveau de créances douteuses supérieur à 2 milliards d'euros bruts (...) qui menacent la capacité à générer de la profitabilité", écrit la Banque centrale dans ce rapport cité par l'agence d'informations économiques italienne Radiocor.
Le gouvernement et les autorités financières de Saint-Marin, micro-Etat de 61 km2 enclavé à l'intérieur de l'Italie, travaillent à "stabiliser la situation du système bancaire", opération qui ne peut se passer "d'une réflexion sérieuse et approfondie".
La crise économique qui a frappé l'Italie à partir de 2008 a durement touché Saint-Marin, qui a connu une longue récession avant de renouer en 2015 avec une petite croissance. Celle-ci devrait tourner autour de 1% à moyen terme, selon le Fonds monétaire international.
Une amnistie fiscale décrétée par le gouvernement italien de Silvio Berlusconi en 2009, afin de permettre aux Italiens de rapatrier leurs capitaux cachés à l'étranger, a en outre asséné un coup violent au secteur bancaire qui représentait le quart du PIB de ce mini-Etat. Plus de 4 milliards d'euros avaient en effet quitté les coffres des banques de Saint-Marin, sorti fin 2009 de la liste grise des paradis fiscaux de l'OCDE.
"Les dépôts sont en réduction constante depuis neuf ans, en raison de dispositions adoptées par d'autres administrations, de la réduction progressive du secret bancaire, sans oublier les affaires judiciaires qui ont frappé ces dix dernières années certaines institutions bancaires et leur direction, et les attaques médiatiques innombrables qui surviennent périodiquement", a expliqué la Banque centrale de Saint-Marin.
De plus, "à cause des incertitudes dues aux nouvelles réglementations, les banques ont assisté à une crise de confiance, qui a réduit la possibilité d'endettement à court et plus long terme". Elles font également face à "une dévaluation des portefeuilles de titres liée à la crise des marchés financiers", de même qu'à une baisse de la valeur de leurs biens immobiliers.
Les actions menées par le gouvernement et l'autorité de vigilance pour "soutenir" le système bancaire visent "à offrir la protection maximale aux épargnants et déposants", a précisé la Banque centrale de Saint-Marin, où résident 32.000 personnes.
Une nouvelle recapitalisation de la Cassa di Risparmio (Caisse d'Epargne de Saint-Marin) devra être mise en œuvre dans les prochaines semaines, afin de relancer cet établissement, "sans répéter les erreurs du passé", note l'institution.