par Mathieu Rosemain et Sophie Sassard
PARIS/LONDRES (Reuters) - Vivendi (PA:VIV) devra offrir une prime de 30% sur le cours des actions Ubisoft (PA:UBIP) pour espérer convaincre ses actionnaires institutionnels et prendre le contrôle de l'éditeur de jeux vidéos, ont dit plusieurs analystes à Reuters.
En incluant une telle prime, l'éditeur de jeux vidéos à succès "Assassin's Creed" et "Lapins Crétins" serait valorisé 7,4 milliards d'euros, à comparer à 5,7 milliards en clôture mercredi à la Bourse de Paris.
Vivendi, qui détient à ce jour 27% d'Ubisoft, devrait alors débourser 5,4 milliards pour acquérir le solde du capital alors que sa trésorerie nette a fondu à 473 millions d'euros en mars dernier, contre 6,4 milliards fin 2015.
Mais le groupe de médias contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré est déterminé à renforcer rapidement sa présence dans les secteurs de la publicité et des jeux vidéos.
Après la prise de contrôle imminente d' Havas (PA:HAVA), Ubisoft apparaît désormais comme sa prochaine cible. et
Depuis 2015, Vivendi a méthodiquement renforcé sa participation au capital de l'éditeur en dépit de l'opposition de son PDG et fondateur Yves Guillemot, dont la famille détient 13,6% du capital et 20% des droits de vote.
"Tout est une question de prix", estime Richard-Maxime Beaudoux, analyste de Bryan, Garnier & Co, pour qui Vivendi devra proposer entre 60 et 67 euros par action pour espérer l'emporter.
L'action Ubisoft a fini à 50,56 euros mercredi.
Jusqu'ici, la famille Guillemot a pu compter sur le soutien du troisième actionnaire d'Ubisoft, le gestionnaire de fonds américain Fidelity Investments.
Ce dernier, qui détient 10% du groupe, se trouve en position de pouvoir bloquer, avec la famille fondatrice, toute tentative de Vivendi de se faire représenter au conseil d'administration, ont déclaré à Reuters deux sources au fait du dossier.
La prochaine assemblée générale d'Ubisoft, qui aura lieu en septembre, fera figure de test.
Fidelity et Vivendi n'ont pas souhaité faire de commentaire.
(Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Pascale Denis)