Wall Street, ébranlée par la perspective de voir l'argent facile des banques centrales bientôt s'éloigner, surveillera la semaine prochaine tout élément pouvant influer sur leurs intentions, comme le rapport mensuel sur l'emploi américain.
Sur une semaine, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,21% à 21.349,63 points.
Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 1,99% à 6.140,42 points.
L'indice élargi S&P 500 a reculé de 0,61% à 2.423,41 points.
"Le marché a perçu un changement de ton chez les banquiers centraux sur la nature de leur politique monétaire particulièrement accommodante", remarque Tom Cahill de Venture Wealth Management. "J'aimerais bien savoir à quel point ils sont sur la même longueur d'ondes."
La Réserve fédérale américaine (Fed) a déjà relevé ses taux d'intérêts deux fois cette année et prévoit de le faire encore une fois d'ici fin 2017. Elle a également prévenu qu'elle pourrait commencer à cesser de réinvestir dans les obligations et de bons du Trésor qui arrivent à maturité.
Et Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) qui inonde encore le marché de liquidités en rachetant chaque mois des dizaines de milliards d'euros de dette et en gardant ses taux très bas, a dans un discours cette semaine esquissé l'amorce d'un virage vers une politique un peu moins généreuse.
Les investisseurs se demandent "pourquoi les banques centrales sont soudainement devenues optimistes, alors que l'inflation n'a clairement pas atteint leur objectif".
Elles se demandent également "ce qu'elles voient, que (nous ne voyons pas)", et "si elles arrêteront de paraître optimiste (ou de mettre en oeuvre des politiques optimistes) au moindre signe d'un vrai repli des marchés à risques", se sont interrogés les analystes de Nomura.
A cet égard, le rapport mensuel sur l'emploi américain attendu vendredi "prend un importance particulière car le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) reste très sensible au taux de chômage", tombé en mai à son plus bas depuis 17 ans, avance Christopher Low de FTN Financial.
- Peu d'action lundi et mardi -
Le compte-rendu des discussions lors de la dernière réunion de FOMC mi-juin, diffusé mercredi, sera aussi regardé de près.
Plusieurs responsables de la Fed se sont exprimés publiquement depuis cette rencontre, les uns renforçant l'idée d'un nouveau tour de vis monétaire d'ici la fin de l'année quand d'autres ont prôné la patience.
Et cette semaine "plusieurs membres du FOMC ont évoqué leur inconfort face au niveau élevé des prix des actions en Bourse", notent les analystes de Nomura.
"Quand la Fed dit que le marché est surévalué, qu'elle voudrait qu'il descende un peu et qu'elle concrétise cela en augmentant les taux, cela m'étonne toujours que les gens soient toujours enclins à acheter", souligne Christopher Low.
Dans ce contexte, "il est possible qu'on voit un mouvement de rotation, des valeurs perçues comme risquées aux valeurs perçues comme sûres", avance-t-il. "C'est cohérent avec une phase de stabilisation, comme on en a connu en mars et avril."
Le secteur technologique, déjà chahuté cette semaine (l'indice regroupant ses valeurs au sein du S&P 500 a perdu 2,88%), sera de nouveau sur la sellette.
"Aucun changement fondamental ne vient justifier ce repli si ce n'est que le secteur avait vraiment bondi depuis le début de l'année et qu'une légère correction était de mise", relève Tom Cahill. "Je ne suis pas sûr qu'elle soit terminée."
La semaine sera par ailleurs écourtée par un jour férié le 4 juillet, fête nationale des États-Unis. Et beaucoup s'attendent à des échanges très limités lundi, malgré la publication de statistiques sur l'activité dans le secteur manufacturier, les dépenses de construction et les ventes de voitures aux États-Unis.