PARIS (Reuters) - Pierre Moscovici a déclaré mercredi avoir "très bon espoir" que la France sorte de la procédure européenne de déficit excessif en 2018 mais estimé que la faiblesse des efforts structurels programmés pour les prochaines années par le gouvernement nécessiterait des discussions avec Bruxelles.
"Il ne reste que deux pays dans la zone euro qui sont dans la procédure excessif", a dit le commissaire européen aux Affaires monétaires et financières en référence à la France et à l'Espagne, "j'ai très bon espoir qu'en 2018 il n'en reste aucun".
Pierre Moscovici, qui s'exprimait devant les commissions des Affaires européennes et des Finances de l'Assemblée nationale, s'est félicité que, s'agissant de la France, le gouvernement ait clairement affiché sa volonté de ramener le déficit public sous 3% du PIB dès cette année, comme Paris s'y est engagé, avec des objectifs à 2,9% en 2017 et 2,6% en 2018.
"C'est une bonne nouvelle parce que c'est une étape nécessaire vers la sortie de la procédure de déficit excessif", a-t-il dit, ajoutant : "Celle-ci pourrait être décidée au printemps 2018 sur la base des chiffres définitifs pour 2017 et des données prévues pour 2018-2019. La correction doit en effet être durable."
"Ce serait, et je pourrais presque dire ce sera, parce que je n'ai pas de doute que cela interviendra, un signal très fort envoyé par la France à ses partenaires européens, un gage de crédibilité, un atout pour le pays dans sa stratégie pour pousser l'agenda de la zone euro", a-t-il poursuivi.
Pour la suite, le commissaire européen a souligné qu'une fois son déficit ramené sous 3% du PIB, la France devrait poursuivre l'assainissement de ses finances publiques et qu'elle serait alors jugée sur ses efforts structurels.
Les règles fixent un "rythme très important" de 0,6 point de PIB par an d'effort structurel pour les pays à dette publique élevée comme la France, soit beaucoup plus que les 0,1 point puis 0,3 à 0,4 point programmés par le gouvernement pour 2018 et le reste du quinquennat.
"Je ne suis pas un garde-chiourme, je ne suis pas un garde-chasse, je ne suis pas un braconnier non plus, je suis pour une interprétation intelligente des règles qui offrent de la flexibilité", a encore indiqué Pierre Moscovici.
Mais si les règles autorisent des déviations, "pour la France, 0,1 point en 2018, c'est le maximum de déviation autorisée deux années consécutives".
"En d'autres termes, c'est acceptable, mais attention ! Toute la marge de déviation prévue dans ces règles est consommée et donc il faudra ensuite en discuter", a-t-il conclu.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)