par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Le travail comme "seule boussole", le pouvoir d'achat comme finalité, la poursuite des réformes comme horizon : tel est le message délivré par Emmanuel Macron à sa majorité pour expliquer ses choix, que l'opposition accuse de favoriser les plus aisés.
Le président a réuni lundi soir à l'Elysée des députés de La République en marche (LREM) chargés de préparer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2018 (PLFSS), texte-clé de ce début de quinquennat, avant la journée d'action des fonctionnaires mardi, qui coïncide avec le début du "marathon budgétaire" en commissions parlementaires.
L'occasion de redonner un cap à une majorité confrontée aux accusations venues de droite comme de gauche sur le thème de l'hyper-libéralisme et du mépris social, au coeur d'une rentrée sociale agitée sur fond de divisions syndicales.
Dans son discours, le chef de l'Etat a répondu en substance aux accusations faisant de lui un "président des riches", notamment utilisées comme slogan dans les récentes manifestations contre la réforme du Code du travail.
"La stigmatisation des uns contre les autres est le meilleur moyen d'échouer", a dit Emmanuel Macron, selon un élu de la majorité.
Il s'est défendu d'opposer des catégories de Français, attaquant au passage le bilan de l'ancien président François Hollande dont il fut le conseiller.
"Il y a cinq ans, on a décidé de faire très mal aux riches, les pauvres ne s'en sont pas mieux portés"", a-t-il dit, selon la même source, faisant notamment référence à la taxe de 75% visant les Français les plus riches envisagée puis abandonnée sous cette forme par l'ex-gouvernement socialiste.
"RÉ-ARRIMER LA SOCIÉTÉ DU TRAVAIL"
Dans un pays plombé par le chômage de masse, Emmanuel Macron a placé l'emploi au rang de priorité absolue, fixant comme but de "ré-arrimer la société au travail", selon une expression rapportée par la députée LREM Olivia Grégoire.
"La seule boussole de mon action c'est le travail", a écrit sur Twitter, citant le président, l'élu des Hauts-de-Seine Gabriel Attal.
Autres consignes présidentielles, selon ce dernier : "Garantir à ceux qui ne pourront pas en avoir en raison de leur état de santé, ou qui n'en ont plus, un quotidien digne ; permettre à ceux qui n'en ont pas d'en avoir un durable ; permettre à ceux qui en ont un d'être mieux rémunérés ; permettre à ceux qui en créent d'être récompensés".
Des instructions délivrées en présence de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de son collègue de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et du porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
"Le président de la République est très attaché, et c'est pour cela que j'ai choisi de le suivre, à ce que le travail paie et que le budget soit celui de la feuille de paie et moi je suis très heureux de porter cette politique sociale", a déclaré mardi sur CNEWS Gérald Darmanin, issu de la droite comme le Premier ministre, Edouard Philippe.
En complément de la feuille de route présidentielle, Agnès Buzyn s'est s'adressée aux députés LREM lors de leur réunion de groupe mardi matin à l'Assemblée nationale, à la veille de la présentation du PLFSS en conseil des ministres.
Lundi à l'Elysée, Emmanuel Macron a redit son souhait de lancer sans attendre les chantiers de l'assurance chômage, des retraites, de la formation professionnelle, de l'apprentissage, ainsi que celui de la révision des lois bioéthiques.
Le chef de l'Etat doit rencontrer jeudi et vendredi à l'Elysée l'ensemble des partenaires sociaux, qui seront reçus à Matignon dans un deuxième temps.
De la teneur de ces rendez-vous dépendront les positions de chacun des syndicats, qui doivent se retrouver le 24 octobre pour tenter de créer un front commun face à la politique du gouvernement, ce qu'ils ont jusqu'ici échoué à faire.
(Avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)