Les représentants des salariés de l'équipementier GM&S en difficulté se sont déclarés lundi "déçus" et "amers" après avoir été reçus par trois conseillers de l’Élysée, estimant n'avoir "rien obtenu de nouveau".
"On va continuer à se battre", a annoncé Vincent Labrousse, délégué CGT, à l'issue de près de deux heures d'entretien avec quatre autres représentants des salariés.
"Ils nous ont dit: +circulez il n'y a rien à voir (...) Nous n'avons eu aucune avancée", a-t-il déploré. "Cette réunion est la pire depuis le début de notre combat", selon lui.
"On demandait l'augmentation des mesure d'accompagnement d'une manière générale. Et on a déjà, enfin selon l'Elysée, des mesures qui sont exceptionnelles. (...) Tout est exceptionnel. On va expliquer ça aux salariés demain à eux de juger".
Les représentants n'ont pas rencontré à l'Elysée le président Emmanuel Macron comme ils l'espéraient. Il "n'a pas daigné nous voir", a commenté le syndicaliste.
La réunion s'est déroulée dans "une ambiance sereine", a souligné l'Elysée, en précisant que les conseillers chargés du social et de l'économie avaient fait le tour des mesures d'accompagnement "mises en place pour maintenir l'activité sur le site" de GM&S à La Souterraine (Creuse), et "pour aider ceux qui ont perdu leur emploi à en retrouver".
La justice a validé il y a un mois et demi la reprise de l'équipementier par l'emboutisseur français GMD, pour un euro, avec le maintien de 120 emplois sur un total de 276.
Mais la contestation syndicale n'a pas pris fin sur le site, qui "n'a toujours pas de commandes" de la part des constructeurs PSA (PA:PEUP) et Renault (PA:RENA), ses principaux clients, selon Vincent Labrousse.
A l'Elysée, "on a demandé l'augmentation des mesures d'accompagnement d'une manière générale. Mais on a déjà, selon l'Elysée, des mesures qui sont exceptionnelles. (...) On va expliquer ça aux salariés demain. A eux de juger", a ajouté le représentant de la CGT.
- primes supra-légales -
Les salariés ont déposé vendredi devant le tribunal administratif de Limoges un recours en annulation du PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), dont ils critiquent notamment les critères de sélection des 156 personnes licenciées.
Ils réclament aussi des primes supra-légales aux indemnités de licenciement, évoquant une somme allant jusqu'à 75.000 euros par personne. Mais les conseillers de l'Elysée "n'ont pas voulu en entendre parler", a regretté Vincent Labrousse, qui est concerné par le plan de licenciement.
L'Elysée souligne que le versement d'une telle prime "n'est pas de la responsabilité de l'Etat".
Le repreneur GMD et les constructeurs PSA et Renault ont jusqu'à présent fait savoir qu'ils ne l'envisageaient pas.
La semaine dernière, une vingtaine d'élus de la Creuse avaient été reçus par des conseillers élyséens pour discuter d'un plan d'action destiné à revitaliser ce département rural. M. Macron avait assisté à la fin de cette réunion.
Les salariés de GM&S et plusieurs élus avaient manifesté le 4 octobre à l’occasion de la visite du chef de l'État à Égletons (Corrèze) et s'étaient opposés aux forces de l'ordre. Le président avait alors critiqué, en aparté, "ceux qui foutent le bordel" au lieu de chercher un poste dans une entreprise du département, des propos critiqués par la gauche et la CGT.
M. Macron avait ensuite expliqué qu'il avait visé ceux qui "bloquent tout" pour "toucher la supra-légale" - une prime de licenciement supplémentaire - et "pas pour retrouver un emploi". Cela, "je ne l'accepte pas. Et donc je dis les choses comme elles sont", avait-il ajouté pour justifier son propos.