La zone euro continue d'afficher une reprise économique étonnamment robuste en dépit du Brexit, de la crise catalane ou des incertitudes qu'ont fait peser ces derniers mois plusieurs élections nationales décisives.
Selon une toute première estimation publiée mardi par l'Office européen de statistiques Eurostat, la croissance économique des 19 pays ayant adopté la monnaie unique a atteint 0,6% au troisième trimestre, un chiffre légèrement supérieur aux attentes.
"Cela confirme l'accélération marquée de la reprise économique qu'on observe depuis le printemps dernier", s'est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, interrogé par l'AFP.
"C'est une bonne nouvelle, car plus de croissance, c'est plus d'investissements et plus d'emplois pour les citoyens européens", a ajouté l'ancien ministre français.
Avec un Produit intérieur brut (PIB) déjà en hausse de 0,6% au premier trimestre et de 0,7% au deuxième, la zone euro affiche donc une croissance solide de 1,9% depuis le début de l'année.
Ce chiffre dépasse déjà, en seulement trois trimestres, la dernière prévision pour l'ensemble de l'année de la Commission européenne, qui tablait en mai dernier sur une croissance 1,7% en 2017.
Elle jugeait alors cet objectif atteignable malgré une incertitude encore "élevée" liée au Brexit et à la politique économique américaine, que les pays de la zone euro semblent finalement avoir ignoré.
M. Moscovici doit présenter le 9 novembre les nouvelles prévisions économiques de la Commission.
Début octobre, le FMI avait pour sa part revu à la hausse ses perspectives pour la zone euro, misant sur une croissance de 2,1% en 2017 et de 1,9% en 2018.
L'institution basée à Washington avait semblé rassurée par l'issue des élections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Elle avait aussi considéré le processus du Brexit comme un danger plus important pour le Royaume-Uni que pour l'Union européenne.
- 'Chiffre surprenant' -
"Il y a de bonnes raisons de s'attendre à ce que la reprise de la zone euro se poursuive, voire s'accélère", insiste Jennifer McKeown, économiste chez Capital economics.
Elle rappelle que l'indice mensuel de la Commission européenne mesurant la confiance économique dans la zone euro --publié lundi pour le mois d'octobre-- n'a jamais été aussi haut depuis janvier 2001, c'est-à-dire depuis les premiers mois de la monnaie unique.
L'embellie économique de la zone euro produit aussi ses effets sur le front de l'emploi: après être passé sous le seuil symbolique de 10,0% en septembre 2016, le taux de chômage n'a cessé de reculer au cours des mois suivants, jusqu'à franchir un nouveau palier, celui des 9,0%, un an plus tard.
Selon les données d'Eurostat mardi, il s'affiche désormais à 8,9%, ce qui constitue son niveau le plus bas depuis janvier 2009, même si les disparités restent importantes entre des pays au chômage très faible --l'Allemagne (3,6%)-- et ceux où il reste élevé, comme la Grèce (21,0% en juillet, dernier chiffre disponible) et l'Espagne (16,7%).
L'inflation reste cependant le talon d'Achille de la zone euro, les prix n'ayant augmenté que de 1,4% en octobre, à un niveau encore bien éloigné de l'horizon des 2,0% souhaité par la Banque centrale européenne (BCE).
Le niveau de l'inflation sous-jacente (qui exclut les produits particulièrement volatils, comme l'énergie, les produits alimentaires, l'alcool ou le tabac) est encore plus problématique: il n'atteint que 0,9%, soit son niveau le plus faible depuis cinq mois.
"Le recul de l'inflation sous-jacente est peut-être le chiffre le plus surprenant aujourd'hui", estime Bert Colijn, économiste de la banque néerlandaise ING (AS:INGA).
Cette baisse va selon lui être considérée comme "une justification" à la nouvelle politique de la BCE.
La BCE a décidé le 26 octobre de diminuer doucement son soutien à l'économie de la zone euro mais reste loin d'une hausse des taux d'intérêt, attendue par les épargnants et redoutée par les créanciers.